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Affichage des articles du septembre, 2009

"Au Chat-Laid"

Le café est dégueulasse. C’est mon deuxième. Ça occupe le corps et l’esprit. Je remue la cuillère d’un geste lent. Le contact de la porcelaine a quelque chose de mélodique, d’apaisant. Bientôt trois quarts d’heure que j’attends. Bien sûr, j’étais en avance, mais lui est en retard. Ou peut-être a-t-il simplement changé d’avis. Et moi je suis là, pauvre con, à jaillir de mon siège comme un diable de sa boite à chaque tintement du carillon de la porte d’entrée. Un couple s’installe à la table voisine et détaille le menu tout en se tenant par la main. Les plats dansent autour de moi. Hachis Parmentier, bœuf Bourguignon… leurs fumets me collent la nausée. Je vide ma tasse et jette un œil à la pendule qui sonne solennellement douze coups. La porte s’ouvre. Evidemment, ce n’est pas lui. Que dois-je lui dire ? Et surtout comment dois-je l’appeler ? Papa ? Jean-Pierre ? Monsieur Flantier ?... Monsieur le directeur général de la compagnie Affize ? Monsieur Flantier, ce connard de directe

"Memento mori"

Je vais bien. Pour moi, mais aussi pour les autres, ces trois mots ont quelque chose d'affreux. Un peu comme si finalement ce n'était pas la pire chose qui me soit jamais arrivée, comme si j'affirmais haut et fort que, ça va, ne vous en faites pas, j'en ai vu d'autres, c'était juste un moment pénible à passer. Pourtant, je vais bien... ou plutôt je vais mieux, une formulation qui choquera un peu moins les âmes bien pensantes. Bien sûr, le chagrin n'a pas déménagé du jour au lendemain. Mais on y travaille, on apprend, on digère... difficilement d'abord puis plus calmement, dans le silence, enfermée au petit jour dans la salle de bain, ou allongée dans la pénombre, étouffant un sanglot silencieux au creux d'un oreiller. J'ai vite compris qu'à pleurer trop longtemps et trop fort, on finit par agacer. Les gens sont peut-êtres gentils, à l'écoute des autres, mais il ne faut pas trop leur en demander! Alors je me suis tu. J'ai ravalé mes