"Au Chat-Laid"
Le café est dégueulasse. C’est mon deuxième. Ça occupe le corps et l’esprit. Je remue la cuillère d’un geste lent. Le contact de la porcelaine a quelque chose de mélodique, d’apaisant. Bientôt trois quarts d’heure que j’attends. Bien sûr, j’étais en avance, mais lui est en retard. Ou peut-être a-t-il simplement changé d’avis. Et moi je suis là, pauvre con, à jaillir de mon siège comme un diable de sa boite à chaque tintement du carillon de la porte d’entrée. Un couple s’installe à la table voisine et détaille le menu tout en se tenant par la main. Les plats dansent autour de moi. Hachis Parmentier, bœuf Bourguignon… leurs fumets me collent la nausée. Je vide ma tasse et jette un œil à la pendule qui sonne solennellement douze coups. La porte s’ouvre. Evidemment, ce n’est pas lui. Que dois-je lui dire ? Et surtout comment dois-je l’appeler ? Papa ? Jean-Pierre ? Monsieur Flantier ?... Monsieur le directeur général de la compagnie Affize ? Monsieur Flantier, ce connard de directe