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Affichage des articles du 2010

Pigeon-vole

Parmi les créatures les plus redoutables de la création, entre l'araignée et le serpent, se trouve le terrifiant...pigeon! Un être abominablement laid, stupide et répugnant, dont la capacité à se baigner dans l'eau des égouts n'a d'égale que celle à ingurgiter les choses les plus écœurantes (détritus, déjections canines, vomis...etc) Oui, le pigeon est probablement l'espèce la plus crainte par les humains, surtout s'ils vivent en ville. Surtout si cette ville est Paris. Ils semblent révéler ce que leur habitacle a de plus sale et de plus hideux. Ils les rappellent à leur triste condition de citadins perdus dans un grand espace nauséabond, forcé de cohabiter avec les dernières créatures susceptibles de les supporter: les pigeons, les rats, les cafards. Bref, le pigeon nous rabaisse à cette vulgaire condition de nuisible. Il pointe du doigt, ou plutôt de l'aile, notre manière de vivre, comme eux, les uns sur les autres, tassés, victimes, malheureux, notre man

Ta Conscience

Il répète ces mêmes insanités encore et encore. Je rêve de le cogner à chaque fois qu'il prononce ces mots sur un ton insupportablement diplomatique: "C'est un accident, un tragique et pénible accident. Nous ne pouvons que regretter ce qui s'est passé..." Foutaises! Il me nargue, il me défit. Il croit que je ne peux plus rien contre lui, que seuls lui et moi savons ce qu'il s'est passé. Il se dit "Pas de témoin, pas de fuite. Mon interprétation s'impose comme la seule vérité possible". Mais je suis là et je l'entends. Et je le vois, encore et encore, toujours les mêmes histoires, ce regard faussement peiné devant les secours, les flics, ma famille, mes amis, les journalistes... Ce regard qui sanglote "J'ai fais ce que j'ai pu. Si vous saviez comme je suis malheureux!" Tu n'es qu'un connard! Je hurle mais il n'entend pas. Personne ne m'entend, à présent. Je me donne l'impression d'être un spectat

Collection automne-hiver

Cet hiver, vous aussi, choppez-vous une pneumonie carabinée et restez top fashion super tendance ! C’est entre autres le slogan extrêmement vendeur que m’inspirent les boutiques de fringues ces derniers temps. Entre les serpillières râpées en laine bas de gamme, les pulls sans manches ou troués (c’est au choix) et les petites vestes légères qui n’ont d’hivernal qu’un col en fausse fourrure (du moins je l’espère), je me demande vraiment ce que je vais pouvoir porter d’ici mars ! J’avais simplement besoin d’un vrai gros pull pas trop laid pour affronter les –5° qui vont pointer le bout de leur museau gelé d’ici une quinzaine de jours, et tout ce que je découvre dans les rayons, c’est la conviction que vraiment, ceux qui créent ce type de collections ne posent jamais le pied dehors et surchauffent leurs limousines et leurs réceptions, nimbées de Ferrero Rochers et de Dior (J’adôôôre !), jusqu’au retour des beaux jours. J’avais effectivement conscience que le type d’étrangetés entrevue

"La retraite avant l'arthrite!"

Dans la vie, il faut parfois savoir faire quelques expériences pour pouvoir décréter que "voilà, j'ai goûté et... j'aime pas les harengs". C'est un mal pour un bien, déjà parce qu'on passe moins pour une bille lorsqu'un de nos opposants nous demande au juste, ce qui nous déplaît chez tel auteur, tel chanteur, dans tel film...etc, mais aussi (et attention, je m'apprête à faire preuve d'optimisme) parce qu'il peut arriver que l'expérience soit heureuse. Tenez, moi, par exemple, avant j'avais horreur de la ratatouille. Eh bien maintenant, ça passe tout seul avec un petit verre de vin et du rôti de porc ! Cette information capitale ayant changé le cours de vos existences, nous allons pouvoir passer à autre chose. En ce moment, vous disais-je , j'ai ressenti le besoin d'innover. Rien de très palpitant, rien de bien fulgurant. Juste deux ou trois endroits à visiter, deux ou trois personnes à rencontrer (ou retrouver), deux ou tr

Lis tes ratures!

Il parait que pour percer dans le monde impitoyablement fermé des lettres, il faut soit écrire de la soupe de consommation de masse, soit cirer les pompes et l'ego d'auteurs moyens ou d'éditeurs sournois. Je ne connais pas encore d'éditeurs et le peu d'auteurs que je croise n'ont pas la notoriété nécessaire pour voler à mon secours ou ne mérite même pas un vague couinement d'approbation de mon cochon d'inde (oui, j'ai un cochon d'inde, et alors?). Du coup, me voilà réduite à écrire de la soupe...voir même du bouillon aseptisé avec colorants et conservateurs. Toujours en admettant que je veuille devenir quelqu'un , entendons nous bien. Ce pourrait tout aussi bien ne pas être le cas. Je ne vois pas forcément en quoi les séances de dédicaces devant des fans en délire seraient plus séduisantes que le rangement de la réserve tous les premiers mardi du mois... Non, vraiment pas! Donc, si demain, je m'apperçois que je veux absolument deveni

Home, sweet home

C'était une maison semblable à celle de mon enfance. Du moins, en apparences . Je pensais me trouver dans la cuisine, petite, conviviale, rassurante, bref: familière. Mais en passant la porte, je découvris une véritable myriade de portes, d'escaliers et de couloirs à l'ambiance feutrée. De majestueux tapis écarlates recouvraient le sol, d'immenses tableaux arpentaient les murs. Chandeliers à la flammes vacillantes , armures étincelantes , meubles en ébène , colonnes de marbre blanc... un vrai décors de théâtre. "Non, je ne suis pas chez moi. Le pavillon douillet où j'ai passé la première partie de ma vie s'évapore désormais comme neige au Sahara . Je suis dans un manoir, un énorme manoir, sordide, labyrinthique, silencieux, un manoir inconnu venu tout droit d'une autre époque." Je tentais d'ouvrir quelques portes, m'acharnant vainement sur les poignées, cognant, secouant, criant. Pas de réponse. La maison semblait me mener où elle le voul

Noctambules

Le métal froid du réverbère s’incruste entre mes omoplates. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Il est 23h, Paris s’endort. Je profite que la rue soit déserte pour remonter avec beaucoup d’élégance mes bas noirs striés de fins liserés gris. La jupe d’acrylique luisante et moulante dissimule à peine les jarretelles. Je souffle dans mes paumes. Octobre s’installe. Il fait encore trop doux pour dissimuler mon gagne-pain sous un manteau, mais à rester là sans bouger, comme une potiche, je sens mon corps s’engourdir. Je sors de mon sac un petit miroir est rectifie de l’index l’eye liner, qui me fait déjà de grands cernes noirs. J’ai pas pleuré, pas cette fois, mais ça coule toujours un peu avec ce produit bas de gamme, surtout quand on en met autant. Je n’arrive pas à croire que ça puisse faire fantasmer les hommes, une gamine toute en bas de nylon, en mini-jupe, bustier à volants et dentelles, yeux de panda et lèvres vermillons ! Je dissimule toujours mon chignon serré sous un

Six feet under...ou pas bien loin

Si vous lisez ces mots, c'est que je ne suis plus de ce monde. Accablé par cette vie injuste, j'aurais probablement choisi de me jeter sous le métro, me noyer dans la Seine, sauter du cinquième étage, m'ouvrir les veines dans la baignoires, me gaver le barbituriques, me pendre à une poutre (encore faut-il en dégoter une valable)... ou toute autre manière plus originale d'abréger ses souffrances. Je suis d'ailleurs actuellement en pleine méditation sur la façon la plus radicale d'y arriver, une façon peu coûteuse , rapide et surtout indolore. A vous de décréter si j'y suis parvenu après avoir extirpé de ma carcasse encore tiède cette modeste feuille quadrillée . J'ignore qui vous êtes. Peut-être êtes vous de ma famille, de mes amis, du personnel des urgences ou encore un simple badaud ayant découvert avec stupeur un cadavre dérivant le long du canal (auquel cas, il est fort probable que ces mots soient rendus illisible par l'humidité et que vous n&#

Zéro de conduite

J’enfonce la pédale. Les pneus crissent sur le bitume détrempé. La ceinture me cisaille la clavicule. Un cri. Un bruit de tôle froissée puis plus rien. Je relève tout doucement le tête. Un goût de sang dans ma bouche. Ma lèvre s’est entaillée lorsqu’elle a heurté le volant. Je suce la plaie, le cœur battant, en m’extirpant prudemment du véhicule. Maman va me tuer ! Le pare-choc avant grignote un lampadaire qui lui dessine une superbe crevasse entre les deux yeux . Je soupire, soulagée. Je vais bien. Mais…et lui ? Un attroupement se forme déjà. Des bras, des questions…je n’écoute pas. Où est-il passé ? Je l’ai heurté, je le sais. Comment va-t-il ? On me montre un point, dissimulé derrière une foule d’abrutis en quête d’action. « Laissez-moi passer, dis-je sans réfléchir, Je suis médecin » En vérité, je suis étudiante en première année de médecine, mais ça, bien sûr, ils n’ont pas besoin de le savoir. Les badauds se dissipent calmement. Certains se penchent encore quelques secondes s

Mephistophélès

Quelque part dans les profondeurs du métro (mettons, entre la station Eglise de Pantin et Raymond Queneau ), un trou béant brille d’une lumière diabolique. Dissimulée par un lot de wagons en file indienne, c’est là que l’on peut trouver la porte des Enfers ! Un rire satanique s’ impose-t-il à ce stade du récit ou peut-on continuer notre excursion ? Rien ? Soit. La ligne 5 du métro parisien est connue pour ces cliquetis sordides, ces crissements stridents et ces vrombissement incessants, tout droit venus des profondeurs infernales. Bien peu savent cependant que le dernier sous-sol en est finalement bien proche. En effet, comment distinguer les cris d’angoisse et de douleur des nombreux pensionnaires parmi les grincements insupportables des railles. Le repère idéal pour tout démon qui se respecte et qui discrètement, passe son heure de pause-déjeuner à regarder passer les trains, agrippé aux rebords du précipice. La ligne orange est également connue des usagers pour ces trop no

Vertige

Tic tac tic tac Déjà sept minutes de perdues à contempler une page désespérément blanche. Mes doigts sont suspendus au dessus du clavier mais ignorent ce qu ’ils doivent taper. Pourquoi pas une histoire tragique, de quoi faire verser une petite larme aux plus sensibles ? Ou encore un récit comique, dans la lignée directe de tout ce que j’ai entrepris jusqu’alors ? Une pincée d’esprit, un bon litre de cynisme, quelques brins d’imagination, une cuillère à soupe de naïveté…et ainsi de suite jusqu’à la fin de ma recette. Un billet de mauvaise humeur ? Une courte nouvelle avec jeux de mots et descriptions à foison ? Deux-trois lignes sur le boulot, le quotidien, les gens, la vie? Une pérégrination quelconque, un exercice de style pour occuper un tant soi peu le chaland ? Je ne sais pas. Tic tac tic tac ! Quinze minutes et toujours rien. Le flou. L’absence. J’ai beau fouiller dans le grenier qui me sert de tête, je n’y trouve rien de consommable, rien de suffisamment nourrissant. Je suis pe

No future

Je ne suis pas plus mauvaise qu’une autre. Dans certains cas, cette affirmation est une manière d’admettre que finalement, je ne m’en sors pas trop mal. Dans d’autres, elle signifie simplement que je suis dans la moyenne des êtres moyens et que malheureusement, il ne suffit pas d’être moyen pour réussir. Ainsi, je sais qu’il ne suffit pas de se donner à fond et d’y croire pour obtenir ce que l’on veut…car il s’en trouve toujours qui, lorsqu’ils s’y mettent à fond eux aussi, vous font presque douter de l’authenticité de vos diplômes. Alors de deux choses l’une, soi je décide de me lancer tête baissée dans cette tâche, au risque de subir l’échec comme un uppercut au menton ; soi je prends conscience de mes limites une bonne fois pour toute et refuse catégoriquement de perdre mon temps si précieux dans ce genre de conneries ! Je ne suis pas plus mauvaise qu’une autre et surtout, je ne suis pas complètement conne. Même si j’ai les facultés mathématiques d’une enfant de onze ans, j’ai très

...un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout...

Je me souviens avoir lu une phrase qui m’a profondément marquée…ou peut-être l’ai-je juste entendue. Dans un film, dans la bouche de quelqu’un, à la radio ou dans une émission de télé bidon parmi tant d’autres. Je ne sais plus exactement où, ni dans quelles circonstances. Je la revois pourtant clairement. Parfois, elle résonne dans ma tête comme une sentence. A d’autres moments, elle me parait dénuée de sens, de sérieux, de preuves et je la méprise. Je devais être au lycée, et il m’arrive de penser qu’il s’agit d’un vestige de quelque cours de philosophie, entendu ou entraperçu entre deux commérages d’adolescentes. Mais en la lisant vous-même, vous conviendrez qu’il n’y a guère de raisonnement plus inutile et inadapté à la réflexion. En effet, plus j’y repense et plus je me dis que ce pourrait être la petite phrase rose et trop sucrée d’un écrivain sentimental, ou l’absurde règle incontestable d’un magazine féminin, probablement issue d’un article sur la séduction, les hommes, le toujo

Congé parental

"Dodo bébé... dodooooo " Eh non, bébé n'a pas l'air particulièrement convaincu. Pourtant, ça doit bien faire une heure que je le berce sans discontinuer. La petite chose a les yeux qui se ferment tout seuls, mais il suffit que je le pose dans son joli couffin turquoise (très joli, vraiment, alors pourquoi n'en veut-il pas?) et c'est la crise de larmes. Bébé a cinq mois, c'est long, cinq mois, lorsqu'on ne ferme plus l'oeil que quelques heures par nuit. Alors bien sûr on se relaye. Une fois l'un, une fois l'autre. Une petite chanson, un petit biberon, une couche à changer, des larmes à sécher...souvent les nôtres , en fait. Bébé me contemple avec circonspection puis bâille à s'en décrocher la mâchoire. "Allez, bébé, on ferme ses jolis yeux et en route pour le pays des rêves!" Bébé fronce les sourcils. Il doit me prendre pour une andouille ou peut-être pense-t-il que je vais profiter de sa petite sieste pour le badigeonn

Jour de fête

L’orchestre entame une valse. Elle plonge le nez dans son verre de blanc. Sur la piste de danse, une meringue éblouissante ouvre le bal avec son nouveau pingouin. Tous les contemplent, attendris, souriants, rêveurs. Après quelques minutes de gesticulations en binôme , une vieille peau turquoise, avec un chapeau à plumes, s’empare sauvagement d’un pauvre bougre grisonnant et maladroit et le jette illico dans la fausse aux lions. C’est le signe de ralliement. Bientôt, tous les imitent avec plus ou moins de talent. Un père et sa fille, se remémorant avec émotion l’époque où elle dansait sur ses pieds à lui. Un gendre et sa belle-mère, tournoyant à distance respectable tout en parlant de la pluie et du beau temps. Deux enfants hilares, sautillant à qui mieux mieux. Des danseurs du dimanche, ravis de pouvoir illustrer devant public leurs découvertes du jeudi soir précédant. Une quinquagénaire, pinçant subrepticement le postérieur du garçon d’honneur… Et au milieu de tout cela, quelques cas