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Affichage des articles du août, 2010

Zéro de conduite

J’enfonce la pédale. Les pneus crissent sur le bitume détrempé. La ceinture me cisaille la clavicule. Un cri. Un bruit de tôle froissée puis plus rien. Je relève tout doucement le tête. Un goût de sang dans ma bouche. Ma lèvre s’est entaillée lorsqu’elle a heurté le volant. Je suce la plaie, le cœur battant, en m’extirpant prudemment du véhicule. Maman va me tuer ! Le pare-choc avant grignote un lampadaire qui lui dessine une superbe crevasse entre les deux yeux . Je soupire, soulagée. Je vais bien. Mais…et lui ? Un attroupement se forme déjà. Des bras, des questions…je n’écoute pas. Où est-il passé ? Je l’ai heurté, je le sais. Comment va-t-il ? On me montre un point, dissimulé derrière une foule d’abrutis en quête d’action. « Laissez-moi passer, dis-je sans réfléchir, Je suis médecin » En vérité, je suis étudiante en première année de médecine, mais ça, bien sûr, ils n’ont pas besoin de le savoir. Les badauds se dissipent calmement. Certains se penchent encore quelques secondes s

Mephistophélès

Quelque part dans les profondeurs du métro (mettons, entre la station Eglise de Pantin et Raymond Queneau ), un trou béant brille d’une lumière diabolique. Dissimulée par un lot de wagons en file indienne, c’est là que l’on peut trouver la porte des Enfers ! Un rire satanique s’ impose-t-il à ce stade du récit ou peut-on continuer notre excursion ? Rien ? Soit. La ligne 5 du métro parisien est connue pour ces cliquetis sordides, ces crissements stridents et ces vrombissement incessants, tout droit venus des profondeurs infernales. Bien peu savent cependant que le dernier sous-sol en est finalement bien proche. En effet, comment distinguer les cris d’angoisse et de douleur des nombreux pensionnaires parmi les grincements insupportables des railles. Le repère idéal pour tout démon qui se respecte et qui discrètement, passe son heure de pause-déjeuner à regarder passer les trains, agrippé aux rebords du précipice. La ligne orange est également connue des usagers pour ces trop no