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Affichage des articles du 2011

Abdominable

J'ai un petit creux au creux du ventre, quelque part sous la cage thoracique, légèrement sur la droite. Sur la droite de mon point de vue, mais à gauche du vôtre. Un creux imperceptible mais qui se gave tel un trou noir de tout ce qui ne va pas: doutes, peurs, mal être, malheurs, mélancolie, larmes, attente, angoisses... Un minuscule trou noir spongieux qui aspire les "à quoi bon?" et les mauvaises pensées qui tiennent éveillées tard le soir ou qui tirent du sommeil en un sursaut. C'est un petit creux tout mignon, tout innocent, de prime abord. Un petit creux-valise où l'on enferme tout ce dont on s'occupera plus tard, tous ces problèmes qui n'en sont pas vraiment et qui peuvent très bien attendre d'en devenir de gros ou de disparaître totalement, tout écrasés qu'ils sont par le poids de la vie, des années, des réalités. Ce petit creux charmant, tendre et câlin qui lacère affectueusement mon ventre et mes pensées, ce petit creux tout mou, tout

La Lettre

J'ai décidé de lui écrire une lettre. Parce que finalement, c'est classe et tellement plus original, de nos jours, qu'un poke sur facebook ou un jtm à la con par sms . Je suis jeune, timide, mal dans ma peau et amoureux. Alors, comme tout merdeux qui se respecte, puisque j'ai de sérieux problèmes de communication, je passe par l'écrit. C'est mieux. C'est plus facile. Les idées ne se bloquent pas entre les dents, elles ne restent pas fichées au fond de la gorge, pétrifiées par la honte, l'admiration ou la peur. Les idées fusent naturellement et si elles se gourent de chemin, on peut toujours les rappeler à l'ordre. Pas comme dans la vraie vie, avec la vraie personne en face de toi. Tu peux froisser le papier et le jeter à la poubelle, tu peux appuyer sur la touche du clavier pour tout effacer, tout recommencer. Tu ne bafouilles pas, tu ne répètes pas quarante fois le même mot débile, tu as même l'air intelligent si tu t'y prends comme il

Le Bureau des objets trouvés

Jean contemple avec déférence les lettres en acier noirci. La typographie est stricte, massive et orne avec beaucoup de justesse ce gros bâtiment gris en béton armé. Jean distingue à vue de nez une dizaine d'étages. Les fenêtres sont assez petites mais nombreuses, probablement afin de limiter l’altération des "archives".Il soupire puis se décide à passer la porte automatique. Un immense guichet rouge et gris l'accueille dans le hall. La jeune femme qui y siège, tirée à quatre épingle, presque égarée derrière son gros comptoir , ne semble pas l'avoir vu entrer. Elle est concentrée sur son ordinateur, le téléphone calé entre l'épaule et l'oreille. Tout en pianotant nerveusement, elle pousse de petit s " hum-hum " à l'intention de son correspondant. Jean peine à déterminer si elle est actuellement en communication avec un important client à qui elle tente de trouver un créneau pour un rendez-vous ou simplement affairée sur ebay avec sa soeur a

Mort au capiton!

Ce matin, après avoir consulté la météo, un choix "douloureux" s'est offert à moi: prendre un parapluie ou le dernier numéro de Causette ! J'ai tenté d'être raisonnable et me suis dit que le magazine, véritable morceau de bonheur, m'attendrait jusqu'à ce soir. Résultat: pas une goutte pour le moment et à vue de nez, guère plus d'ici mon retour. De ce fait, mon Causette me manque et mon parapluie, pas du tout! La morale de cette histoire, c'est que le mois, prochain, soit je prendrai un sac plus grand, soit je choisirai de me faire tremper. Non mais! En attendant sagement le passage à un rythme mensuel de mon magazine féminin( iste ) favori, je me suis dis que j'aimerais beaucoup crier mon amour au monde entier. Que les choses soient dites: depuis mai et ma première lecture de cette revue, je n'ai de cesse d'enquiquiner tout le monde (collègues, amis, famille, chéri, poissons rouges) avec ce qui pourrait être l'une des découvertes

A auteurs d'hommes

Quelle idée se fait-on d'un écrivain? Comme pour toute profession, il va de soi qu'il ne peut échapper à un certains nombres de clichés. Par exemple, imaginerait-on un bûcheron sans une paire de bottes, une autre de bretelles, une chemise à carreaux verte et rouge, une barbe sombre et la sacro-sainte hache? Non! Et bien l'écrivain pareil! A ceci près qu'il est parfaitement inutile et déconseillé de taper sur son clavier à coups de hache. Au fil du temps, on est parvenu à dresser plusieurs portraits « types » de l'auteur. L'auteur de romans sentimentaux n'a pas le même profile qu'un poète ou un auteur de Fantasy . Le lecteur s'invente un écrivain, physiquement et intellectuellement conforme à l'univers qu'il dépeint dans son œuvre. On imagine aisément le premier comme une citadine futile et excentrique à la Carrie Bradshaw , habitant un loft luxueux et trouvant l'inspiration en sirotant un café Starbucks sur un banc de Cent

Bouche à bouche

Qui dit juillet...dit soleil?...non je déconne! Qui dit juillet dit vacances. Qui dit vacances dit voyage. Qui dit voyage dit dépaysement. Qui dit dépaysement dit découvertes. Qui dit découvertes dit rencontres. Qui dit rencontres dit...communication Qui dit communication dit... "Aïe ame sorri...canne you ripiiit...Aïe donte undeurstaaand...Aïe ame french!" Et pour tout être humain qui se respecte, la dernière partie de la phrase est certainement l'argument le plus logique. Du peu que j'en sache (c'est à dire vraiment pas beaucoup, car je ne suis ni touriste, ni prof, ni linguiste, ni prof de linguistique touriste) les français sont mondialement reconnus comme étant incapables de s'exprimer dans une autre langue que la leur. Quant à ce constat, plusieurs hypothèses: a) Les français sont nombrilistes. Ils sont convaincus que leur langue est plus belle et plus intéressante que celles des autres et refusent donc de se soumettre à l'apprentissage.

Feu d'artifice

La pluie tombe dans un bruit de papier froissé. Sans discontinuer. Tout comme hier, les gens se laissent surprendre à la terrasse d'un café, sur un banc, dans les rues encore bondées malgré l’heure avancée (à croire que la première fois ne leur a pas servi de leçon…) Ils crient tels, j’imagine, que le feraient des chats échaudés si on leur en donnait l’occasion sous de pareilles trombes d’eau. Ou bien ils se réfugient fiévreusement sous les gouttières et attendent la fin du son et lumière, frémissant de plus bel à chaque retour d’averse, à chaque nouveau grondement. Le ciel noir s’éclaire, strié par des filaments d’argent toujours plus nombreux, toujours plus proches. Les bombes éclatent, illuminent la ville comme en plein jour. Et l’eau jaillit encore, comme balancée d’un gigantesque seau, tout là-haut. Quelque chose craque sur les vitres. A-t-on idée de grignoter du pop-corn devant un mégaphone ! …ou peut-être est-ce la grêle ? De la grêle en plein mois de juin ! Je devine

La route des vacances

Fifi dans le jardin. Fifi joue avec le hamburger qui couine. Fifi court. Fifi saute. Fifi aboie. Fifi ! Fifi !!! Viens ma Fifi ! Gentille chienne... Fifi dans l'allée du garage. La voiture est chargée. Valises dans le coffre. Monsieur au volant. Jérémy et Emma sur la banquette arrière. La glacière au milieu. La portière avant s'ouvre. Madame fait signe: Monte Fifi ! Allez hop! Fifi dans la voiture, sur les genoux de Madame, à la place du mort. Fifi , la langue pendante par la fenêtre, regarde défiler les immeubles et les allées encadrées d'arbres. Fifi plisse les yeux. Trop chaud, trop de lumière. Madame retire le collier de Fifi . . Fifi s'ébroue joyeusement, les poils se libèrent, ça fait du bien. Chut, Fifi ! Pas bouger! Gentille chienne... Fifi dans la voiture s'engage sur le périph '. Pas trop de monde, circulation fluide. Jérémy joue à la DS . Emma écoute Justin Bieber sur son I-Pod . Monsieur insulte un automobiliste imprudent. Madam

Pépins

Je profite d'un manque flagrant d'inspiration pour signaler la disparition intempestive et malheureusement incontrôlable (bah ouais, j'ai rien demandé, moi!) de la plupart de mes "réactions à chaud". Moi qui me targuais d'avoir 8 "bravo" sur mon " Tea time ", je dois avouer que je suis un peu déçue. J'ajoute par la même occasion un sympathique " nananèreuh !" à mes supers lecteurs qui malgré leur fidélité et leur gentillesse ont préféré ce mode d'expression peu fiable au bon vieux commentaire. Alors oui, je me répète, n'empêche que si dès le départ vous aviez écrit "bravo" plutôt que de cocher naïvement des cases, on en serait pas là! ...Et le premier qui me rétorque, à raison, que c'est moi l'andouille qui ai ajouté cet ingénieux dispositif au blog, je lui envoie le clavier en travers de la tronche (non mais quelle insolence!) Tant qu'à faire, je tiens également à préciser que blogger, c'es

Dr Frankenstein

- Je sais plus quoi en faire! bougonne A en enfonçant ça tête dans le creux de ses mains, T'as pas une idée, toi? - Bof... Il faudrait leur parler...encore, renchérit B, Ils ne peuvent pas être complètement...enfin...tu vois...bornés? - Complètement cons, c'est ça que tu veux dire?!? - Non non...pas cons...non..."bornés", c'est ça que je dis, "bornés". - Mais qu'est-ce que tu t'imagines? Des millénaires qu'on essaye et rien ne fonctionne comme prévu! - Rooooh des millénaires...t'exagères, A... - Si peu, crois-moi... Toujours est-il que j'essaye, et pas qu'un peu! J'ai utilisé plusieurs méthodes: J'ai envoyé des gars faire le sale boulot. Ils sont tous revenus la queue entre les jambes. J'ai essayé d'adapter mes propos, histoire qu'ils comprennent une bonne fois pour toutes. Des centaines de fois que je l'ai fais. J'ai vraiment l'impression d'avoir dit tout et son contraire pour les calmer