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Affichage des articles du 2012

Mon petit soulier

Cher Père Noël, Comment vas-tu ? Ça fait une sacrée paye que   je n’ai point donné de nouvelles. D’aucun diront que j’ai passé l’âge ou qu’avec le temps, on a tendance à perdre de vue les vieilles relations. Moi je pense plutôt que ma timidité naturelle est en cause. On a jamais été vraiment proches, à peine si on se croisait, de temps à autre, dans les supermarchés… tiens, ça me fait penser, je t’ai jamais envoyé la photo de nous deux. J’avais alors 6-7 ans et, pour tout te dire, j’étais morte de trouille. Eh bah oui, un vieil excentrique sorti de nulle part et qui rentre par effraction chez toi pour t’offrir des joujoux…l’air de rien, c’est très flippant ! Du coup, y’a fort à parier que notre amitié était uniquement platonique… et intéressée. C’est très certainement   pour ça que je voyais pas bien l’intérêt de t’écrire jusqu’à aujourd’hui. J’espère que la grève des lutins contre la retraite à 208 ans n’a pas été trop virulente et que vous avez fini par tomber d’accord. Tu

Qui a le droit ?

« Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » Tous ? Enfin, soyons sérieux deux minutes : vous voyez bien que quelque chose ne tourne pas rond dans ce conte de fée. Peut-être faudrait-il réécrire la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen afin qu’elle colle un peu mieux à la réalité. Au commencement, cela pourrait donner… « Les hommes, branche mâle de l’humanité, représentant donc 50% d’entre elle, naissent et demeurent (parfois, mais ça se discute) libres et égaux en droit » (c’est un peu abrupt présenté ainsi, mais on peut simplifier, rassurez-vous.) En effet, ne dit-on pas qu’homme et femme ne sont pas égaux, mais complémentaires ? Par exemple, il tâche ses vêtements, elle les nettoie ; elle fait à manger, il se goinfre… Ça c’est du travail d’équipe ! Mais ça n’est pas tout ! « Les mâles hétérosexuels naissent et demeurent libres et égaux en droits »… D’aucuns auraient, dans le cas contraire, trop vite fait de revendiquer le mariage, l’adoption p

Télémarketing

- … - Bonjour, je me présente, Edmond Dupin, de la société Glassotop. Nous proposons actuellement un large choix de… - ROOOOOOOOAAAAARRRRGGGHHH !!!!!!!! Clic ! Tuuuuuuuut ! - Allô ? - Bonjour, je suis Edmond Dupin, de la société Glassotop… - SAUVEZ-NOUS PAR PITIE ! IL ARRIVE ! IL VA TOUS NOUS TUER !!! - C’est bon, on me l’a déjà faite celle-là… Merci quand même et bonne journée, Monsieur. - Bonne journée à vous. - Bonjour, Edmond Dupin de la société Glassotop… - Vous vendez quoi ?! - Euh…des fenêtres Madame… - Moi, des aspirateurs. Je vous en prends si vous m’en prenez aussi. - Bah…euh…non. - Oh alleeeeeez ! Soyez sympa ! - Mais non, voyons ! - Mais on fait quasiment le même boulot, il faut se serrer les coudes. - Au revoir, Madame ! - Allô ? - Bonjour, Madame, je suis Edmond Dupin, de la société Glassotop. Pourrais-je parler au chef de famille, s’il vous plaît. - Bonjour… Désolée de vous décevoir mais vous êtes confronté à un foyer démocratique. Il n’y a pas de c

Hiérarchie

-   Tu veux bien t’assoir, s’il te plaît. Elle désigne un fauteuil noir de bureau basique, que je sais d’expérience inconfortable. -   Euh…bien sûr… Je lui décoche un sourire tendu, alors que les ressors et les visses semblent s’incruster douloureusement dans mon derrière et ma colonne vertébrale. Peut-être est-il vieux, peut-être a-t-il été trop malmené, ou peut-être, hypothèse qui trouve ma préférence, l’a-t-elle choisi précisément pour son côté inhospitalier. Je suis la patronne, je décide de tout, pose tes fesses sur cet objet de torture et écoute-moi attentivement. On n’est pas là pour prendre le thé, tu vas en baver ! -   J’ai testé la newsletter et le service client en ligne : tout fonctionne comme prévu. On avait tort de s’inquiéter… -   D’accord. Merci. Mais ce n’est pas pour cela que je t’ai demandé de venir. -   Ah… j’écoute. Elle tord ses doigts nerveusement. Je les entends craquer comme tu petit bois. Elle est contrariée. Elle l’est toujours un peu. C’est un

"There are two kinds of people in the world..."

Qu’est-ce que la réussite ? Qu’appelle-t-on exactement "réussir sa vie" ? S’il n’est pas nécessaire d’avoir une Rolex à 50 ans, alors de quoi s’agit-il ? On peut certainement estimer que Mozart a "réussi sa vie" : plus de 620 œuvres, ce n’est pas à la porter du premier péquin venu !   Mais si l’on nuance un peu le propos, on peut aussi affirmer que mourir comme un chien à 36 ans et être balancé dans la fosse commune, ce n’est pas spécialement reluisant. Alors, évidemment, avec le recul, il est facile d’affirmer qu’un si grand artiste a réussi sa vie et nombreux furent ceux qui tentèrent d’embrasser un destin similaire. Mais si l’on avait vu les choses avec les yeux de Mme Mozart, par exemple, on aurait plutôt pensé : "Bordel, quel gâchis !". Réussir sa vie c’est donc une question de point de vue. Toutefois, pour un artiste, cela pourrait se résumer à : 1-     La Notoriété 2-     La Postérité 3-     Vivre de son art et ne pas crever dans le caniv

Amitiés

J'ai 6 ans. Je tiens la main de ma maman à la fête du village. La vieille qui vit dans la maison d'à côté et qui sent le pipi de chat dit que notre gâteau au chocolat est délicieux. Maman sourit poliment. C'est un brownie qu'on a acheté au super-marché. C'est moi qui l'ai choisi car il  y avait un lézard sur la boite. Papa dit qu'il a besoin d'aide avec le barbecue. Alors maman dit "j'arrive!" puis se penche vers moi. Elle me demande d'arrêter de traîner dans ses pattes et d'aller plutôt jouer avec l'enfant qui se trouve sur la balançoire. Elle me lâche la main et part rejoindre Papa. Sur la balançoire, une silhouette frêle se balance. Elle porte un tee-shirt vert avec un panda et un jean. Je m'avance, hésitante. L'autre me regarde puis ouvre la bouche. Sacha. Moi c'est Florence. Oui, je veux bien faire de la balançoire avec toi. Et après on jouera à cache-cache. Et ensuite on dira qu'on est des pirates. Tu vie

Zzzzzz !

Cette nuit j’ai eu une idée. Entre deux rêves, elle semblait bonne. Excellente même. L'esprit encore embué par le sommeil, je me souviens avoir songé : « Je tiens là un sujet parfait pour un texte. Dès demain, le blog pourra s’enorgueillir d’une note toute fraiche ! ». Puis je me suis rendormie. Au matin, j’avais tout oublié.  Non seulement je ne me souvenais pas de cette idée lumineuse, genèse probable d’un texte mémorable , mais je ne me souvenais pas non plus d’avoir réfléchi à quoi que ce soit au cours de la nuit. Ce n’est qu'à présent, prostrée devant un triste ordinateur ronronnant et après avoir songé que je n’ai rien écrit de valable depuis plus d’un mois, que je me rappelle cette sensation. Une impatience. Une fatigue intense. Une jubilation. Des mots qui fusent. Je crois que je la tiens ! Mes yeux se ferment. Au réveil, pourtant, elle s’échappe tel un rêve. C’est tellement commun. J’aurais dû résister. J’aurais dû me lever. Griffonner trois mots

Parce queeeeee !!!

Elle s’est contentée de préciser que le sac taupe offert pour quarante euros d’achat n’était plus disponible. Ce à quoi la cliente l’a récompensé d’un sympathique "connasse", marmonné entre ses dents. Elle n’a pas relevé, l’habitude, certainement, d’être de défouloir de service, et a même sourit en  glissant dans le cabas le bob et la serviette rayés bleu marine et blanc spécial été collectors. L’autre est partie sans un mot. Pas merci. Pas au revoir. C’est à elle, le petit personnel, de se montrer polie et conciliante. Elle est payée pour ça. Elle ne sert qu’à ça. "Merci et à bientôt" minaude-t-elle en arborant un sourire ultrabright au point de fissurer son teint  impeccablement lisse et uniforme. La veille, deux femmes, que leur virée entre filles avait certainement rendues euphoriques et décomplexées, lui avait signalée qu’elle était profondément casse-pied (pour rester polie). Son erreur ? Leur avoir  suggéré d’utiliser les testeurs plutôt que d’ouvrir et

Lulu et Lili font des heures sup'

Ce matin j'ai feuilleté le dossier d'un hebdomadaire connu que je ne citerai pas (mais dont le nom désigne un élément de ponctuation) sur la propension des travailleurs français à se la couler douce. Allez hop, c'est parti! Et de jeter allègrement la pierre aux divers planqués, absentéistes, trente-cinqueuristes, RMIstes volontaires (ça se dit RSAistes?) et vacanciers de tous poils! Et de nous rappeler que la frustration, la colère et la jalousie des uns font les gros sous des autres. Nous le saurons (nous le savons peut-être déjà), le bouc-émissaire du moment, c'est le fonctionnaire, l'intermittent du spectacle, le chômeur, le parent au foyer, le malade chronique et bien d'autres feignants encore! Loué soit le grand, le beau, le bon travailleur. Celui qui se donne à fond au risque d'y perdre sa santé mentale, celui qui échange volontiers congés, amis, famille ou balade avec le chien contre 42h de travail hebdomadaires (à une dizaine d'euros l'he

Interlude

Je ne suis contrainte à rien. Physiquement, j'ai le choix. Moralement, je m'impose une conduite. Financièrement, je finirais par être à court. C'est pour les deux dernières affirmations que le bas blesse. Pourtant je ne peux m'empêcher d'y songer presque chaque matin, alors que je suis ballottée dans le métro, au milieu d'une foule austère de travailleurs-androïdes et de touristes-automatiques. Je pourrais le faire. Descendre à la station suivante et passer la journée entière à bouquiner et à rêvasser dans un de mes salons de thé préférés. Prendre la correspondance et aller me perdre dans une forêt, un parc, un jardin. Faire demi-tour, rentrer à la maison, partager un vrai petit déjeuné avec ma "moitié", couper le téléphone...et recommencer les jours suivants. Changer radicalement de chemin, flâner, aller au cinéma, à la piscine ou dans un musée, puis débarquer comme une fleur quelques minutes avant la fermeture. Ou encore, prendre le chemin d'un

Pacifiques ou passives

Lu dans le dossier « Les Femmes sont-elles plus morales » du dernier Philosophie Magazine (qui, grosso-modo, était très intéressant et n'avait rien à se reprocher, mais que voulez-vous, on focalise sur des détails parfois!) : « Dans l’expérience de psychologie sociale, on constate que les femmes réagissent moins souvent aux offenses par la violence que les hommes » … ahem… Je comprends mieux. C’est donc probablement pour cette raison que certains hommes s’en prennent plus volontiers aux femmes. Au quotidien. Au travail. Dans la rue. En général. Évidemment. Se défouler sur quelqu’un, c’est top, mais pas sur n’importe qui. Cogner, insulter, conspuer, ridiculiser l’autre, c’est tellement chouette quand il (en l’occurrence elle ) ne réagit pas. Statistiquement, on a, parait-il, plus de chance de tomber sur une fille qui la boucle que sur un mec qui s’écrase, alors pourquoi se priver !? A chaque confrontation avec un enfoiré primitif, il est donc bon de se rappeler qu’au mo

Lonely Planet

ou "L'on lit Planet" (une gentille perle de libraire qui prête à sourire) J’essaye d’imaginer, le nez dans mon bouquin, ce que ça pourrait être, ce que ça pourrait faire. J’imagine le soleil safrané sur les toits roses, les bruits, les parfums, la chaleur, pas moite, pas étouffante, juste ce qu’il faut : une chaleur douce et agréable qui réconforte. Je vois les fresques, les sculptures, les ponts, les fontaines. J’aimerais toucher du doigt les reliefs des peintures, caresser les cheveux de cette Vénus lovée dans une Saint-Jacques géante, embrasser goulûment David et prendre rendez-vous avec tous ces Maîtres aux noms de Tortues Ninja. Pour une fois, peut-être, pour la première fois, je parviendrai à apprécier l’arôme du cappuccino et si ce n’est vraiment pas possible, je compenserais la déception par une glace gigantesque ou un verre de vin (voir, même, les deux). Comme j’aimerais vivre dans ce livre ! Dans ses rues, ses boutiques, ses restaurants, ses musées

She's alive !

J'ai extirpé la boite blanche en carton de son papier cadeau mal fagoté. Je ne me rappelle pas exactement de la couleur, mais je me souviens avoir eu du mal à ôter tout le scotch, à retirer les morceaux de polystyrène et le sac plastique censé la protéger. C'est une chose curieuse que de trouver une poupée en porcelaine au pied d'un sapin de noël. Surtout lorsqu'il est destiné à des adultes. Rires. Approbations. Sarcasmes. Grimaces. La créature aurait pu tomber sur n'importe qui, il a fallut que ce soit moi. J'imagine la tête de celles et ceux (plus particulièrement CEUX...un relent archaïque de sexisme probablement) qui aurait pu la recevoir à ma place. Je suis gênée. D'abord parce qu'elle est hideuse. Ensuite parce que je me sens comme maintenue de force dans le rôle de la petite dernière de l'équipe. J'ai peur de vexer. Je souris. Pas question de ramener ça chez moi! Et d'ailleurs pour en faire quoi? Deux solution: la poubelle ou le bur

Le regard

Il faisait encore un peu froid lorsqu'elle sortit de chez elle. Elle prit soin de se faufiler par la porte entrebâillée afin que le chat ne lui file pas entre les jambes. Un petit coup d’œil à la boite au lettre : quelques publicités malgré l'autocollant et le dernier numéro de sa revue préférée. Elle la glisse dans son cabas sans même regarder les gros titres. Pas maintenant. Un sandwich, une bouteille de soda, un muffin et en route pour une place au soleil ! Le sac est grand et coloré. Avec ses lunettes de soleil et son chemisier multicolore, on pourrait la croire en route pour la plage, en plein coeur d'un ville grise et austère. Elle apprécie le décalage. Le parc n'est qu'à une dizaine de minutes. Elle traverse la place ronronnante sous les voitures, les vélos et les gens pressés, longe les boutiques de prêt-à-porter, de cosmétiques et les brasseries aux terrasses bondées. Au moindre rayon de soleil, c'est déjà la cohue. On aurait bien besoin de se mettr

Enchaînement

Je suis fatiguée Un quart d’heure et c’est le jeu des chaises musicales J’essaye de me convaincre qu ’un échec n’est que le préambule d’une réussite Je suis calme mais négative J’ai envie de mettre une baffe à quelqu ’un : le choix est vaste ! Le bruit me rend dingue ; peuvent-ils enfin cesser d’ouvrir cette fichue porte Je veux rentrer chez moi, mais pas prendre le métro Je vaux mieux qu ’eux…. même si je suis nulle….c’est dire ! Ils sont tellement et moi si peu Je tousse, j’ai chaud, j’ai froid, j’ai faim, j’ai soif, j’ai mal au ventre, mal à la tête… Je ne suis pas une encyclopédie Je veux voir du monde…mais je ne supporte personne J’aimerais changer de coiffure et partir en vacances Être au calme ou faire plein de choses ou les deux à la fois Je me pose plein de questions J’ai la tête pleine de vide Je crois que je fais fausse route Je pense à mon lit Je manque de temps

Trois miettes de cynisme et j'y retourne

En route pour l’opération camouflage au musée des horreurs ! Entre les meubles et les gens, point de différences. Ils semblent se fondre dans le décor : des étagères instables, des livres, des marches, un visage anguleux, blafard et figé. De prétendus vieux-beaux rectangulaires dressés dans les rayonnages tels des blocs de marbre, des silhouettes plastiques qu ’un chirurgien-cubiste a refait entièrement au burin, des chevelures ergonomiques, savamment et très géométriquement découpées en raies, en mèches, en boules, en carrés... Le tout engoncé dans un paquet de poils qui appartient à quelqu ’un d’autre (mais pas d’inquiétude, le quelqu'un en question peut difficilement venir se plaindre!) ; ou encore dans une cohorte de grands noms "conformistes" (à prononcer avec la voix d'un gothique de huit ans) qui, à défaut de préserver leur identité, les confortent paisiblement dans leurs statuts d’hommes et femmes-sandwichs . Pour certain(e)s, passé l’âge des premières