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Affichage des articles du mars, 2012

Le regard

Il faisait encore un peu froid lorsqu'elle sortit de chez elle. Elle prit soin de se faufiler par la porte entrebâillée afin que le chat ne lui file pas entre les jambes. Un petit coup d’œil à la boite au lettre : quelques publicités malgré l'autocollant et le dernier numéro de sa revue préférée. Elle la glisse dans son cabas sans même regarder les gros titres. Pas maintenant. Un sandwich, une bouteille de soda, un muffin et en route pour une place au soleil ! Le sac est grand et coloré. Avec ses lunettes de soleil et son chemisier multicolore, on pourrait la croire en route pour la plage, en plein coeur d'un ville grise et austère. Elle apprécie le décalage. Le parc n'est qu'à une dizaine de minutes. Elle traverse la place ronronnante sous les voitures, les vélos et les gens pressés, longe les boutiques de prêt-à-porter, de cosmétiques et les brasseries aux terrasses bondées. Au moindre rayon de soleil, c'est déjà la cohue. On aurait bien besoin de se mettr

Enchaînement

Je suis fatiguée Un quart d’heure et c’est le jeu des chaises musicales J’essaye de me convaincre qu ’un échec n’est que le préambule d’une réussite Je suis calme mais négative J’ai envie de mettre une baffe à quelqu ’un : le choix est vaste ! Le bruit me rend dingue ; peuvent-ils enfin cesser d’ouvrir cette fichue porte Je veux rentrer chez moi, mais pas prendre le métro Je vaux mieux qu ’eux…. même si je suis nulle….c’est dire ! Ils sont tellement et moi si peu Je tousse, j’ai chaud, j’ai froid, j’ai faim, j’ai soif, j’ai mal au ventre, mal à la tête… Je ne suis pas une encyclopédie Je veux voir du monde…mais je ne supporte personne J’aimerais changer de coiffure et partir en vacances Être au calme ou faire plein de choses ou les deux à la fois Je me pose plein de questions J’ai la tête pleine de vide Je crois que je fais fausse route Je pense à mon lit Je manque de temps

Trois miettes de cynisme et j'y retourne

En route pour l’opération camouflage au musée des horreurs ! Entre les meubles et les gens, point de différences. Ils semblent se fondre dans le décor : des étagères instables, des livres, des marches, un visage anguleux, blafard et figé. De prétendus vieux-beaux rectangulaires dressés dans les rayonnages tels des blocs de marbre, des silhouettes plastiques qu ’un chirurgien-cubiste a refait entièrement au burin, des chevelures ergonomiques, savamment et très géométriquement découpées en raies, en mèches, en boules, en carrés... Le tout engoncé dans un paquet de poils qui appartient à quelqu ’un d’autre (mais pas d’inquiétude, le quelqu'un en question peut difficilement venir se plaindre!) ; ou encore dans une cohorte de grands noms "conformistes" (à prononcer avec la voix d'un gothique de huit ans) qui, à défaut de préserver leur identité, les confortent paisiblement dans leurs statuts d’hommes et femmes-sandwichs . Pour certain(e)s, passé l’âge des premières