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Affichage des articles du 2013

Le Sort de l'humanité

Si l’on devait convaincre une entité toute puissante (ou juste un type qui hésite à poser le doigt sur le bouton de la bombe H) que l’espèce humaine  mérite ou non de survivre, je crois qu’il suffirait d’un moment dans le métro pour lui faire passer tout élan de philanthropie. Je ne connais pas tous les métros de la planète, mais du peu que j’en ai vu, 10 minutes à l’heure de pointe suffisent à rendre n’importe qui neurasthénique. Il y a la chaleur, le bruit (si tu détestes l’accordéon, tape dans tes mains !), la lassitude globale de la personne qui se lève tôt pour aller bosser, un festival olfactif sans précédant qui va de la crasse à l’abus de parfum dangereux pour la santé, en passant par les effluves synthétiques de viennoiseries… Ce n’est déjà pas l’idéal pour arriver frais et dispos à son lieu de rendez-vous, mais ajoutez à cela la morosité ambiante et les problèmes de circulation (quotidiens sur certaines lignes) et vous obtiendrez un cocktail gravement instable. C’est bi

Mythic.com : Fidélité

-  Le problème de ma femme, c’est qu'elle est plutôt coincée . Au propre comme au figuré, si vous voyez ce que je veux dire. Non, pour sûr, vous ne voyez pas… Ma femme est un être exceptionnel . Et je dis pas ça parce que je suis son mari. De toute façon, ça fait des siècles que je ne la supporte plus, alors loin de moi l’idée de lui lancer des fleurs ! Non, je vous assure, ma femme est réellement un personne d’exception. Moi aussi d’ailleurs… Du coup, quand je vous dis qu’elle est coincée , c’est tout autant d’un point de vue métaphorique que physique. Mais je ne vais pas entrer dans les détails, il faut respecter son intimité et puis je ne voudrais pas tomber une fois encore dans le graveleux. Comme le dit si souvent ma fille « Je ne sais pas ce que j’ai fait pour avoir un père aussi beauf ! ». Un bel esprit, ma fille ! Une vraie curiosité de vivre et une grande maturité pour son âge… J’ignore d’où elle tient ça. Certainement pas de moi : je suis tellement rustre. A

Volcan

Tout a commencé par quelques fissures, sensibles, presque imperceptibles pour le quidam insouciant. Il prendrait, tout au plus, conscience d’un léger changement climatique, du comportement inhabituel de la faune. Mais pas de quoi s’inquiéter, vous en conviendrez. Puis, un râle s’élève, long, puissant. La chose vous semble alarmante ? Pour quiconque habitué à ce type d’environnement, les grondements n’ont rien d’extraordinaire. Il serait d’ailleurs surprenant de n’en entendre jamais aucun. Bien sûr, cette fois-ci, ils se font plus sourds, plus insistants, mais chacun se rassure aussitôt : Mère nature est contrariée. La belle affaire ! Cela lui passera sûrement avant la fin du film du soir ! Pourtant, après une brève accalmie, les gémissements reprennent de plus belle, les fissures s’agrandissent et, tandis que tous dorment à poings fermés, un souffle chaud et toxique se déverse allègrement. Il tue. Il anéantit tout sur son passage. Compassion, sentiment et patience. Moralité, espoir e

"Les mots rendent les cris vains"*

-           Tu m’aimes -           Non -           Pourquoi ? -           Je n’ai pas que ça a faire -           Cela n’a aucun sens ! Moi j’aime les lilas, le chocolat et les bandes dessinées et pourtant je n’ai pas que ça a faire. L’un n’empêche pas l’autre, comme on dit… -           Alors c’est que tu ne le mérites pas… Ou qu’il y en a d’autres que j’aime plus que toi. -           C’est injuste. Je t’aime, moi. Enfin je crois… -           Eux aussi, ils m’aiment. Probablement mieux et plus intensément que toi ... C’est injuste, sûrement, mais ça arrive… Tu dis que tu crois m’aimer… Tu n’en es pas certaine ? -           Non, effectivement. Tu sembles vexée ? -           Intriguée serait plus adéquat -           Je t’explique : on dit que c’est surtout soi-même que l’on aime quand on aime… Je ne sais pas si c’est bien clair… -           Pas du tout -           On dit…on dit que l’on aime avant tout l’image de soi que l’autre nous renvoie -          

Conte : 6666 marches

Je fais quelques pas hésitants dans un bureau sombre à dominance pourpre. Un large meuble en bois d’ébène assortis de deux fauteuils capitonnés   trônent au centre de la pièce. Dans mon dos, la porte se referme déjà dans un claquement sinistre. Je sursaute. Des pans de murs entiers sont recouverts d’ouvrages divers et variés : poésie, théâtre, histoire, science, politique…De prime abord, c’est assez impressionnant. Pourtant, un rictus involontaire se dessine sur mes lèvres : Il est bien rare qu’une personne, aussi respectée et instruite soit-elle, ait lu l’intégralité des livres composant sa bibliothèque. Ils sont généralement sélectionnés avec soin afin de constituer, en quelque sorte, une vitrine intellectuelle idéale. Mon hôte a certainement quelques lectures inavouables confinées au fin fond de ses appartements, mais il va de soit qu’aucune n’aura jamais sa place sur ces étagères. Je plisse les yeux afin de distinguer deux ou trois   titres prestigieux, lorsqu’une voix forte et a

Recette

Elle s’installe sur le siège face au mien et dépose sur celui d’à côté un sac à main gigantesque en cuire chocolat. C’est comme ça qu’on dit : « chocolat ». Plus marron, non. Chocolat, caramel, café. Et même pour dire « rouge » ou encore « rose », on parle de framboise, de prune et de groseille. A croire que la mode comble les carences de ses modèles avec des termes gourmands. Elle pose donc son sac chocolat sur le siège voisin et y fouille bruyamment pendant plusieurs minutes avant d’en extirper un poudrier et un pinceau. Ouvre le premier, y plonge le second, se badigeonne généreusement tel un mille-feuille de sucre-glace, tout en fixant scrupuleusement le petit miroir. Et je vois disparaître sous mes yeux de spectatrice ébahie les plis, les cernes, les boutons, les rougeurs et même les grains de beauté. En cinq minutes à peine, le visage de ma voisine s’est métamorphosé : il est lisse, lumineux, irréel. Ce n'est plus un être humain mais une publicité ambulante. Bon, vu la couc