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Affichage des articles du 2014

Mythic.com : Mon labyrinthe

Je suis seul. Il fait froid. Je suis seul, dans le  noir et j’ai froid. Je suis perdu. Je suis sûrement déjà passé par là des centaines de fois. J’ai peur. J’ai vraiment peur de ne jamais m’en sortir. Je voudrais me rouler en boule sur le sol et pleurer. Je pleure. J’attends. Peut-être qu’on reviendra me chercher. Je ne sais même pas depuis quand j’attends.  J’ai tellement faim. Froid, peur, seul, faim. J’ai tout le temps faim. Il peut s’écouler des jours…il doit s’écouler des semaines sans que je ne puisse avaler quoi que ce soit. Parfois, je tombe sur un petit gibier. Je lui tord le cou. C’est rapide, vous savez. Il ne souffre pas. Je n’aime pas faire souffrir les animaux. Moi, on m’a tellement fait de mal sous prétexte que je n’étais pas comme les autres. Mais là je n’ai pas le choix : il faut que je mange, il faut que je survive. Souvent je me demande : A quoi bon ? Pourquoi vivre ? Pourquoi comme ça ? Seul, triste, affamé, frigorifié, dans le noir. Je devrais m’allonger par terre

Le Point de rupture

-  Qu’est-ce qu’il a de plus que moi ? Non mais franchement ! Y a-t-il seulement question plus absurde ? J’ai envie de lui répondre sérieusement, parce qu’évidemment, il est bouleversé. Trois ans de passion (enfin, ça c’est lui qui le dit), ça ne se balaye pas comme ça, du jour au lendemain, pour fuir avec n’importe qui. J’ai réellement envie de lui apporter une réponse à la hauteur de ses attentes. Une réponse qui lui donne soit l’impression qu’il n’était résolument pas au niveau, soit la conviction que notre histo ir e était foutue, avant même qu’il ait effleuré du doigt cette tragique vérité. Ou bien une réponse qui me ferait passer pour la reine des garces et le guérirait définitivement de moi. Oui, je suis une personne charitable, je ne supporte pas de voir mon futur-ex souffrir… Seulement, là, avec ses lieux-communs débiles, je suis désolée, mais il m’agace. Et tout ce qui me vient comme idées de réponses, à cette question con, ce sont, comme dirait mon père, des "réponses

En verre et contre tout !

« La fée dit alors à Cendrillon : - "Eh bien! voilà, de quoi aller au bal : n’es-tu pas bien aise ?" - Oui, mais est-ce que j’irai comme cela, avec mes vilains habits ?" Sa marraine ne fit que la toucher avec sa baguette, et en même temps ses habits furent changés en des habits d’or et d’argent, tout chamarrés de pierreries ; elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde. » De verre. De verre ?!? De verre ou de vair ? … Cette fameuse polémique a encore de beaux jours devant elle. Au bout d’un moment,  on s’en moque un peu de savoir si Cendrillon portait des souliers en culs de bouteille ou en chinchilla. Même si à mon avis, porter de gros chaussons en peluche n’a rien de très élégant pour aller danser. D’accord, le verre, ça fait très mal aux pieds et ça se fracasse aisément sur les pavés, mais… Bah on a qu’à pousser le vice jusqu’à dire qu’il est impossible de tailler un carrosse décent dans une citrouille, que les bonnes fées n’ex

Adieu

C’est difficile de trouver les mots justes pour expliquer un sentiment si ridicule et si important à la fois. D’un côté, j’ai tant voulu le quitter que le simple fait d’en être si proche me parait surréaliste. C’est très simple : on s’est tant retourné le cerveau sur le sujet que j’ai bien cru que le sol s’effondrerait sous nos pieds avant d’avoir trouvé une terre plus hospitalière. Et ce n'est pas qu'une image... Pourtant, l’heure du départ est proche. Le moment de lui faire nos adieux aussi. C’est un peu comme quitter son école : prendre conscience qu’on y remettra jamais plus les pieds ; réaliser qu’elle nous a bien gâché la vie durant toutes ces années, mais qu’on y a vécu des moments de pur bonheur avec des personnes fantastiques. C’est un peu comme jeter un vieux doudou puant, sale et en lambeaux : on sait qu’il est foutu, peut-être même plein de germes et de poussières, que ce serait idiot de s’y raccrocher, mais l’on hésite quand même car il représente t

Un sourire

Elle est jolie. Elle sourit, les yeux rivés sur son bouquin. Un passage amusant sûrement. Moi je ne souris jamais devant les livres. Je vois pas pourquoi ni comment on peut sourire devant ces trucs-là. Elle doit vraiment s’ennuyer, ou bien c’est pour un cours, elle fait jeune, ou bien c’est un cadeau qu’elle lit pour faire plaisir à un ami… Toujours est-il qu’elle sourit. Ce doit être quelqu’un d’agréable, de chaleureux, de doux. Oui, elle a un regard doux. Elle est toute fine, toute sage, évanescente, je crois, on dirait un ange. Elle tourne la page, l’air absorbé. Je remarque ses ongles courts au verni rose légèrement écaillé. Peut-être qu’elle les ronge quand elle est nerveuse. Ça lui donne un petit quelque chose de naïf et d’accessible. Je voudrais lui parler, engager la conversation. Je ne sais pas trop comment… Mais je suis sûr que j’ai mes chances. Elle est tellement calme. Ça ne doit pas être le genre à jouer les arrogantes ! Je me déplace furtivement sur le siège d’en face.

Quelques paillettes

« Il faudrait essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple » ( Spectacle :  Intermède   - Prévert)  Il y a des auteurs qu’on cite en vain, pour se donner de la contenance, pour étaler un peu sa culture-confiture et montrer qu’elle est abondante, épaisse, sucrée. D’ailleurs, même la confiture, comme métaphore de culture, c’est déjà du déballage prétentieux. Si je vous dis : « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », c’est certainement très juste, très beau et j’adore Le Petit Prince , mais c’est surtout très vain, sorti de son contexte. Certes, ça fait toujours son petit effet, mais la citation est usée jusqu’à la corde et perd un peu de sa saveur à force de répétition. Ce qui, une fois encore, n’enlève rien à sa beauté. On peut aussi s’en dégotter de plus confidentielles qui font généralement plus intello encore : « Des mouches aux mains d’enfants espiègles, voici ce que nous sommes pour les Dieux ; ils nous tuent pour s’amuser

Astrologie

Comme tous les matins, elle lit son horoscope dans un quotidien gratuit. Le casque sur les oreilles, elle se laisse bercer par le remous du train et la voix de la chanteuse, sur fond de basse. Une voix toute simple, juste et harmonieuse, sans fioriture. Pas du style à miauler ou à gueuler sans raison. Elle se dit parfois qu’elle pourrait chanter à peu près ainsi, que cela ne doit pas être bien compliqué… si seulement elle ne chantait pas comme une casserole ! Elle survole son horoscope : cinq petites lignes, pas plus. Cœur, réussite, santé. Trois mots pour résumer le quotidien de tout un chacun. Elle trouve cela « débile » et « réducteur ». Que se passerait-il si elle était délibérément solitaire, sans emploi et malade chronique ? Aurait-elle droit à un horoscope personnalisé ? Eh non, tant pis ! Il fallait se débrouiller pour rentrer dans les cases ! Pourtant, à peine le journal en mains, à peine installée sur un strapontin, toujours le même, à gauche de la porte, dans le sens