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Affichage des articles du 2018

I, robot

Depuis deux semaines, tu peux emprunter tes documents sur des bornes de prêt en libre-service. C’est le mot politiquement correct pour « automates » ; et ça, c’est le terme convenu pour désigner un robot tueur d’emploi qui, compte tenu du regard effaré que tu me lances, va certainement dévorer ton âme. Comment ça, t’aimes pas ? Comment ça c’est compliqué ? Mais pas du tout, un enfant de 5 ans y arriverait (d’ailleurs, ils y arrivent parfaitement bien tout seuls, on a testé). Quoi, le contact humain ? Tu te paies ma fiole ? Me prendre pour une caissière du Carrefour Market, c’est du contact humain, ça ? Bip-bip-bip-bip, à longueur de journée, ça aide vraiment à tisser des liens, tu crois ? Tu veux du contact humain ? Bah t’enregistres tes prêts tout seul, comme un grand (l’autonomie, ça s’appelle), pis après tu viens me parler comme si j’étais un véritable être humain et pas juste un larbin quelconque. Là d’accord, nous aurons un vrai contact humain. Tu crois que le souci, c’est de

Répondeur

Ceci est un message des bizarres, des biscornus, des pas comme il faut au reste du monde. Ceci est un cri, une revendication, un appel de tous les timides, moches, les trop ceci ou pas assez cela, les tordus, ceux qui avancent de travers sans cocher toutes les cases de la check-list de l'existence. Alors voilà, après le "bip sonore", on va parler doucement, sans s'énerver, histoire que vous compreniez bien tout. On est pas les plus beaux, on est pas les plus forts, ni les plus malins, ni mêmes les mieux adaptés à la vie en société. On paraît étranges, on peine parfois à rentrer dans le moule : p'tet bien qu'on vient tout droit de Krypton, de Vulcain, de Chulak, que sais-je...mais promis, contrairement à vous, on mord pas. On vient en paix, du moins c'est ce qui était prévu, alors venez pas nous les briser. On a peut être pas appris à se défendre mais ça pourrait bien arriver... et croyez-moi, ça va pas être bien joli à regarder. Ceci est un messag

Chose

Ya quelque chose en moi qui gratte, qui pique, qui gigote et se tord. Ya quelque chose en moi qui sanglote, qui hurle, se débat pour que ça sorte. Quelque chose de sale, de mauvais, d'hostile. Une bête sauvage, effrayée, épuisée, qui a atteint son point de saturation. Une qui mord et qui griffe, alors gare à tes doigts ! Il y a quelque chose de pourri ...en moi, quelque chose qui fait mal, comme une boule au fonds de la gorge qui s'enfonce vers le coeur jusqu'à la suffocation. Quelque chose qui donne mal au crâne, qui te grignote les entrailles et t'inflige ce poids terrible sur les épaules. Ya quelque chose en moi qui dit stop aux embrouilles. Les miennes, celles des autres, toute la misère du monde... ce quelque chose en moi qui voudrait bien les mettre sur pause, juste un instant, pour voir, pour arrêter d'y penser et écouter le silence. Ya quelque chose en moi qui veut envoyer valser la haine, la bêtise, l'intolérance, les coups bas, l'égoïsme, parc

Age d'or ?

Les séries sont en plein boum. OK, c'est pas nouveau... C’est la folie, ce machin ! Même ma mère qui a toujours jugé la télé abrutissante se met à suivre des séries (bon avec quatre ans de retard, mais tout de même !) Tente juste de glisser discrètement en soirée que tu détestes les séries, que c’est chronophage et systématiquement débile, et vois un peu ce qui se passe ! Les séries ont pris une place considérable dans les loisirs et dans la culture. Au départ, c’était un truc miteux : Julie Lescaut , Madame est servie, Louis la Brocante, Derrick, Amour Gloire et Beauté… Un produit pour neuneus intoxiqués du petit écran ! Un sous-film pour ado attardé ou une occupation pour vieux, stratégiquement placée sur la grille des programmes entre Le juste Prix et Question pour un champion ! Jusqu’au jour où… La série est devenue le summum du chic. Le must have. ZE place to be. Ça ne s’est pas fait en un jour ! Il y a eu une phase de transition que les experts situent au début des années

Explique-moi

Image
  Mardi, 12h15 : la photo ci-dessus est postée sur le compte Facebook d'une bibliothèque avec une accroche légère et décomplexée : "Découverte insolite du matin, lors du rangement des collections. La médiathèque : ce lieu de rencontres et d'échanges ;-)" Les réactions des abonnés sont positives, l'info décalée a fait mouche !  Mercredi, 15h30 : la photo en question est retirée de la page. L'objet représenté pourrait "choquer les âmes sensibles"... Explique moi, chaton, ce qu'il y a d'inapproprié dans une photo de tampon. Un tampon neuf, dans son emballage pastel, semblable à un bonbon. Pas un tampon usagé et maculé de sang. Juste un petit tampon vierge et innocent (non pas, selon moi, qu'une protection périodique souillée soit coupable de quoi que ce soit....mais je m'éloigne de mon sujet !) Explique moi, mon lapin, ce qui devrait susciter l'ire de la populace dans la vision, certes incongrue mais fondamentalement drôle,

La Cour des grands

Au sortir de l’adolescence, j’ai cru pouvoir me hisser sur un pied d’égalité avec les gens que je côtoyais. J’ai cru que les interactions seraient facilitées par le fait que nous sommes tous désormais adultes, matures et (qui sait, peut-être, oui, soyons fous !) attentifs aux autres. Pour être claire, j’ai bêtement cru que ce serait plus simple de se faire des amis sans la pression insupportable de la cour de récré ! Mais si, souvenez-vous ! La cour de récré où, de la primaire à la terminale, il était fort mal vu, pour ne pas dire intolérable, de gambader seul, sous peine d’être perçu comme un rebut de la société. Cet endroit magique où les têtes d’affiche et les figurants ne se mélangent jamais. Sortie de ce microcosme, j’ai donc cru que tout serait plus simple, qu’il suffirait de s’approcher d’un tiers, de se découvrir des atomes crochus pour vivre une belle histoire d’amitié, façon Thelma et Louise… ou à défaut, Rox et Rouky. Aux chiottes, les jugements de valeurs ! A morts, les