Femme qui soupire...

Aujourd’hui, journée de la Femme.
Ou plutôt, comme dirait très ironiquement une personne de ma connaissance, fête des femmes (on notera le passage au tout petit f). Car le 8 mars, initialement destiné à pointer du doigt les inégalités et injustices dont est victime le « sexe faible » de part le monde, est bien plus proche de la fête des grands-mères et d’Halloween que de la journée des droits de l’Homme ou de la commémoration de l’esclavage. Une occasion de plus pour les commerçants et les médias de nous faire passer pour des dindes vénales à qui on se doit d’offrir, en ce jour mémorable, une petite rose, un bijou, un bon restau, ou 20% chez Marionnaud sur présentation de la carte vitale au premier numéro gagnant. C’est toujours plus facile que de promettre l’égalité dans la vie quotidienne comme au travail, l’arrêt immédiat de toute torture, mutilation, humiliation et le droit inaliénable à disposer de son corps comme on l’entend. Evidemment, l’évolution des mentalités, ça n’a pas de prix, mais pour tout le reste (et pour nous museler durant quelques mois) il y a Eurocard Mastercard.
Du coup, on s’y attendait un peu, voici un texte bref qui sonne mon retour sur le terrain glissant du féminisme…et pardon si je me répète.

Néanmoins, j’ai beaucoup de mal à prendre au sérieux une journée durant laquelle certains offrent aux employées d’une ville ou d’une entreprise, un présent tout aussi inutile qu’hideux accompagné d’un petit mot poétique et d’une bonne dose de reconnaissance, après leur avoir signalé discrètement qu’un congé maternité pouvait « éventuellement retarder » leur titularisation, promotion ou augmentation. Je vous laisse quelques secondes pour digérer l’information, l’hypocrisie de la chose, et pour rire jaune un bon coup !
Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir tenté de promouvoir cet évènement comme le moyen de réduire les inégalités (de tous genres et de tous horizons) : affiches, débats, associations et projets de lois divers auraient pu nous permettre de faire quelques pas en avant - et non pas de reculer encore et encore, en direction du foyer que nous n’aurions jamais dû quitter. On aurait par ailleurs apprécié que l’on s’intéresse à ce vaste sujet un peu plus que 24h, mais c’était déjà mieux que rien, non ?
Alors, qui donc a transformé cette modeste entreprise en opération commerciale ? Les commerciaux eux-mêmes, pour avoir utilisé ce jour comme une nouvelle St Valentin ? Les médias, pour avoir diffusé en masse une image de la Femme narcissique, futile et matérialiste ? Ou plutôt cette personne si familière que l’on rencontre dans le miroir, et tous ses semblables qui, en se prenant si facilement à leur jeu, ont accepté inconsciemment que la journée des droits de la Femmes soit une nouvelle mascarade économique, plutôt qu’une toute petite occasion de faire avancer les choses ?

Commentaires

  1. Bon c'est bien gentil tout ça, mais pendant que tu perds tout ce temps à écrire la vaisselle se fait pas toute seule...

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