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Ode à ma robe

 J'ai voulu teindre une vieille robe tâchée que je porte tout le temps depuis au moins....Oula 1000 ans ? Je l'ai achetée pour quelques francs (mais non je déconne, c'était l'euro, ça date quand même pas du siècle d'avant...) dans une boutique un peu pétée de la rue d'à côté. Je pensais pas qu'elle durerait si longtemps, cette robe en coton couleur argent de l'époque où Sarko était président. Je me suis dit cette serpillière, je la mettrai pour changer la litière de la bestiole qu'alors je n'avais pas. En vérité je l'ai portée, journée, soirée, hiver comme été, avec un pull, avec des bottes, des baskets, et même une paire de sandalettes à paillettes. Je l'ai usée jusqu'à la corde, rapiécée de partout jusqu'à ce qu'elle demande grâce à genoux, que les auréoles, non pas de sainte mais d'un mauvais déodorant, la sanctifie sur l'autel des divins vêtements. Au nom de la fille, de la mère et des saines d'esprit, amen ! 

Mauvaise idée

Par pitié, je vous en conjure, arrêtez d'offrir des Smartbox, Wonderbox et autre Saloperiebox à votre entourage ! J'entends bien que vous ne connaissez pas vraiment votre beau-frère, que vous n'en ayez rien à cirer de l'anniversaire de votre cousine, ou qu'en s'y mettant à plusieurs, ça peut faire un "super cadeau de départ pour Sylvie de la compta". Je compatis car on a tous eu la flemme de s'investir un jour dans la quête du cadeau idéal. Seulement voilà, la box cadeau n'est JAMAIS le cadeau idéal. On en a tous fait l'expérience : on a reçu une box sélectionnée avec soin par un membre de notre famille, nous promettant évasion, expérience atypique, rendez-vous en amoureux, escale gastronomique au milieu des vignes et que sais-je encore... En définitive, on a tous fini par comprendre que faute d'évasion, on finirait dans l'hôtel Ibis de la zone industrielle de Dunkerque, à un dîner romantique chez Courtepaille ou encore dans une th

La veste

 Sur un perroquet (pas l'oiseau, le porte-manteau) dans mon salon, repose une vieille veste en jean élimée. Je l'ai retrouvée le mois dernier chez ma mère et j'ai trouvé qu'elle m'allait toujours bien.C'est étrange car elle est encore aujourd'hui un peu grande pour moi et du coup, je me demande ce qu'elle devait donner il y a 20 ans, alors qu'ado, je la portais quasiment tous les jours (et que forcément, j'étais plus fluette). En ce moment, dans l'hexagone, c'est la fin de l'été, mais il fait encore une trentaine de degrés : moite, suffoquant...bref, désagréable ! En prenant le bus (la mauvaise idée, j'aurais mieux fait de marcher), tandis que j'agite mon éventail, je me demande comment j'ai pu survivre à tant d'étés sans cet accessoire indispensable, comment font ceux qui n'en ont pas...et je me revois lors de mes trajets quotidiens entre le collège et la maison, dans le bus 601. Je me dis qu'à cette époque, m

Dispute

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 1, 2, 3... Et maintenant, on fait quoi ? On s'ignore royalement. On agit bêtement, sur un coup de tête, comme tous ces abrutis qui ont attendu un prétexte (une dispute entre enfants, lors d'un séjour à la montagne ; le décès de Tata Sylvette ; un débat sur Macron-Lepen au second tour...etc) pour ne plus jamais s'adresser la parole. On vaut pas mieux qu'une querelle du dimanche autour d'un pot-au-feu ? On vaut pas mieux qu'une décision arbitraire, lourde et définitive ? 87, 88, 89, 90 jours...  Ça s'arrête quand alors ? Quand l'une dit pardon ? Quand l'autre passe l'éponge ? C'est vraiment ça ? C'est vraiment nous ? Une bataille d'égo à la con, de qui a tort qui a raison, qui a parlé, qui s'est tût, qui n'aurait pas dû... Oui, je suis triste, oui je suis agacée, oui je perds du temps à essayer de comprendre ou de me trouver des excuses. A la place, je devrais prendre les devants et réessayer, relancer la machine encore et enco

La Bonne aventure

Le premier de la journée a gratté timidement la porte. Encore un qui n'a pas lu le panneau "entrez sans frapper : consultation en cours" ! Je me suis penchée pour le voir s'installer dans la salle d'attente à travers le rideau de perles. C'était sa première fois. Un type tout gris, la quarantaine, longiligne, avec un air de lièvre apeuré. Je l'ai fait poireauter une dizaine de minutes, le temps de voir comment il évoluait dans cet environnement inhabituel. Il a jeté un regard circulaire et suspicieux aux thèmes astraux, aux cristaux, aux tapisseries multicolores et aux magazines new-age. Puis évidemment il a dégainé son portable. Ses sourcils se sont crispés et il s'est mis à pianoter nerveusement. Encore un intoxiqué du travail ! Profitant du fait qu'il ne m'avait toujours pas vue, je me suis penchée davantage. Un énergumène pareil, c'est rare dans ma profession. Je l'ai observé comme un ornithologue détaille une nouvelle espèce. Comme

Boudin

Je me souviens que j'étais pas jojo, une expression toute droit sortie des années 80 et du répertoire de ma mère. La dernière fois que je l'ai entendue prononcée par quelqu'un d'autre c'était dans un épisode de Kaamelott (Arthur à Venec : « Bah déjà vous êtes né ! Alors, ça, c'est pas bien jojo... », pour ceux qui se poserait la question.)  Dans le cas présent, je trouve qu'elle illustre assez bien la réalité de l'époque : j'étais pas jojo. Pas moche de chez moche, mais clairement pas top, le genre de nana qui s'en fiche, « qui ne fait pas d'effort, qui ne prend pas soin d'elle »... voilà ce qu'on dit quand on est con et qu'on s'imagine que l'apparence d'une fille est une affaire d'état !  Je sais qu'en ressortant de vieilles photos d'eux, certains n'en croient pas leurs yeux, et leurs amis encore moins « Comment, c'était toi, ce truc ? » Pour moi, pas de doute : j'étais bien cette fille aux che

Larguer les amarres

Au début, je me suis dit que c’était de la folie : on ne plaque pas tout sur un coup de tête. Je ne voulais pas faire comme tous les autres qui galèrent plusieurs année, doutent, angoissent « et si ça ne prenait jamais fin ? ». Il y a deux ans, tout était clair : pas question de lever les voiles sans avoir une idée de la distance à parcourir, du temps que durerait le voyage. Pas question d’errer sans but sur la mer des illusions dans mon vaisseau-fantôme tout en projets inaboutis. Pas question de plonger les yeux fermés, après tout on verra bien de quoi sera fait demain ! Cela fait maintenant deux ans que j’attends qu’on me donne l’opportunité, les moyens, de mettre les bouts. Il y a eu des tentatives, des bouteilles à la mer, des rencontres et des échecs… Et désormais, ce qui me parait le plus dingue, c’est de mettre en suspend sa vie jusqu’à ce que quelqu’un, un illustre inconnu, un super-héros improvisé, nous donne le droit de la vivre. Le plus énervant, c’est de continuer à broyer