Dispute


 1, 2, 3...

Et maintenant, on fait quoi ? On s'ignore royalement. On agit bêtement, sur un coup de tête, comme tous ces abrutis qui ont attendu un prétexte (une dispute entre enfants, lors d'un séjour à la montagne ; le décès de Tata Sylvette ; un débat sur Macron-Lepen au second tour...etc) pour ne plus jamais s'adresser la parole. On vaut pas mieux qu'une querelle du dimanche autour d'un pot-au-feu ? On vaut pas mieux qu'une décision arbitraire, lourde et définitive ?


87, 88, 89, 90 jours... 

Ça s'arrête quand alors ? Quand l'une dit pardon ? Quand l'autre passe l'éponge ? C'est vraiment ça ? C'est vraiment nous ? Une bataille d'égo à la con, de qui a tort qui a raison, qui a parlé, qui s'est tût, qui n'aurait pas dû... Oui, je suis triste, oui je suis agacée, oui je perds du temps à essayer de comprendre ou de me trouver des excuses. A la place, je devrais prendre les devants et réessayer, relancer la machine encore et encore. Mais je le fais pas. Par peur, par flemme, par fierté, par colère et à nouveau par peur. 

L'angoisse que ce soit tranché, ici et maintenant, de me prendre un mur mastoc de déception : c'est terminé, game over, t'as joué et t'as perdu. La crainte d'obtenir confirmation que c'est foutu, qu'on attendra un an ou dix ou cent avant d'enterrer cette stupide hache de guerre en plastoc. 


Et puis je suis lasse, fatiguée, kaputt d'essayer de vivre dans un Disney. Etre impartiale, temporiser, aimer tout le monde, communiquer, me faire aimer, désespérément, viscéralement... me faire comprendre (maladroitement !), déchiffrer le mode d'emploi des autres, même quand il est en suedois et qu'il faudrait être trois pour arriver à le monter, ce putain de buffet Ikéa ! 

Mais est-ce que ça vaut le coup ? Canarder tout ça, tout nous, parce qu'au bout de 35 années sur cette maudite planète, je n'ai toujours rien capté à mes semblable. Ou alors, c'est que dès le départ, ce nous ne vallait pas grand chose et que j'ai encore moins pigé que ce que je pensais ! Ce serait quand même une sacrée erreur d'interprétation...


Pour conclure, car j'ai toujours eu du mal à trouver le mot de la fin lorsque j'écris sur un coin de table et sous le coup de l'émotion, je pense simplement à un pauvre type que j'ai connu. Le genre de connard capable au détour d'une conversation de ruiner 5 ans d'amitié, juste parce que certaines têtes ne lui revenaient pas. Eh bien ce fumier m'a dit un jour un truc pas con (comme quoi, un éclair de lucidité, ça peut arriver même au fruit le plus pourri du panier). Il a dit qu'on était pas obligé d'attendre bêtement qu'un proche, un ami, bref un être cher, nous fasse signe, sous prétexte que c'est à son tour et que nous, on a déjà donné. Qu'on ne devait pas avoir peur de nos sentiments lorsqu'on a vraiment envie d'être avec quelqu'un. Qu'on pouvait juste l'appeler, lui écrire, lui parler, l'inviter sans plus attendre. Parce qu'une relation ne doit pas être unilatérale, mais qu'on ne peut pas non plus s'attendre à ce qu'elle soit parfaitement égalitaire : ce ne sera jamais un prêté pour un rendu, mais juste « j'aime passer du temps en ta compagnie, est-ce que toi aussi ? »

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