Ode à ma robe

 J'ai voulu teindre une vieille robe tâchée que je porte tout le temps depuis au moins....Oula 1000 ans ?

Je l'ai achetée pour quelques francs (mais non je déconne, c'était l'euro, ça date quand même pas du siècle d'avant...) dans une boutique un peu pétée de la rue d'à côté. Je pensais pas qu'elle durerait si longtemps, cette robe en coton couleur argent de l'époque où Sarko était président. Je me suis dit cette serpillière, je la mettrai pour changer la litière de la bestiole qu'alors je n'avais pas. En vérité je l'ai portée, journée, soirée, hiver comme été, avec un pull, avec des bottes, des baskets, et même une paire de sandalettes à paillettes. Je l'ai usée jusqu'à la corde, rapiécée de partout jusqu'à ce qu'elle demande grâce à genoux, que les auréoles, non pas de sainte mais d'un mauvais déodorant, la sanctifie sur l'autel des divins vêtements. Au nom de la fille, de la mère et des saines d'esprit, amen ! 

J'ai voulu teindre en gris charbon, ma petite robe légère comme une plume d'oisillon. On a vécu avec elle dans trois appartements différents. Les joies, les peines, le quotidien et les grands événements : elle a tout vu et tout vécu ! Mes vingt ans, mes trente et, avec un peu de patience, peut être même, tiens... la quarantaine ?

Bah non perdu : dernier voyage, dans la poubelle. Que tes bouloches reposent en paix au beau milieu des ordures ménagères. 

J'ai voulu teindre une vieille robe tâchée que je porte tout le temps depuis au moins....Oula 1000 ans. C'était un peu comme une seconde peau, le truc que tu enfiles quand tu sais pas trop. Elle me manquera, je n'en doute pas, lorsque j'ouvrirai avec fracas les portes de mon armoire cabossée pour me demander : "putain, qu'est-ce que je vais porter ?!"

Commentaires