Le Sort de l'humanité

Si l’on devait convaincre une entité toute puissante (ou juste un type qui hésite à poser le doigt sur le bouton de la bombe H) que l’espèce humaine  mérite ou non de survivre, je crois qu’il suffirait d’un moment dans le métro pour lui faire passer tout élan de philanthropie.

Je ne connais pas tous les métros de la planète, mais du peu que j’en ai vu, 10 minutes à l’heure de pointe suffisent à rendre n’importe qui neurasthénique.
Il y a la chaleur, le bruit (si tu détestes l’accordéon, tape dans tes mains !), la lassitude globale de la personne qui se lève tôt pour aller bosser, un festival olfactif sans précédant qui va de la crasse à l’abus de parfum dangereux pour la santé, en passant par les effluves synthétiques de viennoiseries… Ce n’est déjà pas l’idéal pour arriver frais et dispos à son lieu de rendez-vous, mais ajoutez à cela la morosité ambiante et les problèmes de circulation (quotidiens sur certaines lignes) et vous obtiendrez un cocktail gravement instable.
C’est bien simple, quand quelqu’un critique les gens qui tirent la gueule dans les transports en communs, soit il est en vacances, soit il les prend une fois tout les six mois ! On ne peut pas consciemment et régulièrement être « totalement joisse » de perdre 1 à 2h par jour dans cet environnement. On préférerait tous resté couchés ou qu’une âme, tout aussi charitable qu’ingénieuse, se décide à inventer le téléporteur.

Finalement, le métro a quelque chose de magique : On y rentre motivé, on en ressort exténué. On y rentre douché/rasé/parfumé/maquillé, on en ressort souillé. On y rentre apaisé, on en ressort stressé. Maaagie, je vous dis !
Evidemment, c’est un cercle vicieux : plus une personne est énervée, épuisée et impatiente, plus elle est sensible à cet environnement et plus elle a de chances de rendre tout le monde autour d’elle énervé, épuisé, impatient… Les réactions sont parfois violentes, incohérentes et l’on est souvent confronté à un égoïsme qui frise l’immoralité. Quoi ? Tu es pressé, et alors ? Arriver à l’heure au bureau, est-ce vraiment plus d’important que le sort de cette pauvre fille qui fait un malaise juste sous tes yeux ?

Alors, oui, je le concède, être tassés les uns contre les autres pendant une dizaine de stations, ce n’est pas vraiment le meilleur moyen pour prendre conscience que nous sommes tous des êtres humains. D’autant qu’habituellement, les personnes autorisées à poser leurs mains sur ces parties de mon anatomie sont très loin d’être des inconnus. Forcément, une telle atteinte à mon espace vital, ça ne se solde que très rarement par « Mais je vous en pris, monsieur, continuez donc à me ruiner le dos avec vos coudes et allons boire un café pour mieux faire connaissance ». Nous avons donc toutes les raisons sociales et psychologiques d’être de mauvaise humeur dans le métro ! Mais c’est justement parce qu’il est difficile de rester profondément « humain » dans de telles circonstances qu’il faut faire un effort et ne pas céder à la facilité. En quelques mots : ne pas se comporter comme des connards.

Toutefois, pour peu qu’on ne soit pas vautré sur son voisin et que le tout fonctionne à peu près correctement, ça pourrait presque être agréable, le métro. Un peu comme le train, finalement, mais le paysage en moins. Cela dit, c’est peut-être justement là que se situe le problème. Je me sens toujours un peu moins clostro quand le métro remonte en surface, que mon regard peut se porter sur l’extérieur, fuir un instant l’atmosphère oppressante du wagon. 

Dans ces moments-là, ou simplement quand ce qui m’attend à la fin du voyage est encore moins réjouissant que le voyage lui-même (ce qui n’est pas peu dire, n’est-ce pas ?), je me prends à rêvasser…
Je pourrais tout envoyer valser, descendre à cette station, flâner toute la journée dans les rues, le parc ou bouquiner, portable coupé, dans un café confortable. Je pourrais rejoindre n’importe quelle gare, prendre un billet pour le milieu de nulle part… Histoire de m’échapper un peu, histoire de changer d’air et de quotidien. Ce serait bien…

Commentaires

  1. Je vous trouve bien dure avec le métro parisien, n'oublions pas que c'est avant tout un lieu de charme à la fois anonyme et familier, où l’on peut vivre de véritables moments de grâce.

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    1. Certes, certes... mais il me fait vivre au quotidien davantage de moments d'angoisse que de moments de grâce ;-)

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  2. NKM qui vient commenter sur ton site quand même, bravo.

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