Adieu

C’est difficile de trouver les mots justes pour expliquer un sentiment si ridicule et si important à la fois. D’un côté, j’ai tant voulu le quitter que le simple fait d’en être si proche me parait surréaliste. C’est très simple : on s’est tant retourné le cerveau sur le sujet que j’ai bien cru que le sol s’effondrerait sous nos pieds avant d’avoir trouvé une terre plus hospitalière. Et ce n'est pas qu'une image...

Pourtant, l’heure du départ est proche. Le moment de lui faire nos adieux aussi. C’est un peu comme quitter son école : prendre conscience qu’on y remettra jamais plus les pieds ; réaliser qu’elle nous a bien gâché la vie durant toutes ces années, mais qu’on y a vécu des moments de pur bonheur avec des personnes fantastiques.
C’est un peu comme jeter un vieux doudou puant, sale et en lambeaux : on sait qu’il est foutu, peut-être même plein de germes et de poussières, que ce serait idiot de s’y raccrocher, mais l’on hésite quand même car il représente tellement.

L’appartement, pour moi, représente beaucoup. D’une part, notre histoire d’amour, nos premiers pas ensemble ; d’autre part, mes débuts dans le monde des « grands ». Certes, il est vieux, il est moche, il tombe en ruine, mais c’est ici que j’ai commencé à aimer et à marcher toute seule. C’est le premier endroit où j’ai choisi de vivre et ça, forcément, c’est difficile de le laisser derrière soit.
Pourtant, quand on y regarde à deux fois, on sait bien que ça ne peut plus marcher. Pas besoin d’y regarder à deux fois, d’ailleurs, un simple coup d’œil suffit. La disposition hasardeuse, l’humidité pour l’ensemble de son œuvre, les trous dans le toit qu’on devine plus qu’on ne les voit, cinq étages sans ascenseur, une isolation quasi-inexistante… Au bout d’un moment, il faut se prendre par la main et se résoudre à sauter le pas : on ne peut pas vivre éternellement dans un endroit qui se casse la gueule, comme des troubadours de 15 ans ½ !

Choisir de vivre ensemble, c’est beau. Choisir de vivre ensemble dans un endroit qu’on aime, c’est encore mieux. Pas besoin d’être architecte ou spécialiste du bâtiment pour le comprendre : tout sera bien mieux là-bas. D’ailleurs ce n’est pas très loin !
Mais tout de même… il ne faudra pas s’étonner si j’ai un petit pincement au cœur au moment de refermer la porte pour la dernière fois.

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