Au commencement...

Au commencement était l’envie.
L’envie de travailler, d’améliorer, d’avancer. L’envie de faire mieux, tout simplement.
Au commencement était l’envie, la grande, l’absurde, la féroce envie de l’ouvrir sur tout et n’importe quoi. SURTOUT n’importe quoi !
Au commencement était l’envie de conserver une trace, de ne pas tout garder  jalousement au fonds d’un placard ; et peut-être, avec un peu de chance, d’intéresser quelques passants. De partager avec eux, ce cri qui résonne à l’intérieur, de lui octroyer quelques instants de liberté. Et peut-être aussi de ne pas faire tout cela pour des prunes !

Au commencement était l’humour. Afin de trouver un style qui me soit propre, d’échapper non seulement à la gravité, mais aussi au pompeux, au conventionnel et aux artifices de toutes sortes. D’être réellement moi : cynique, grinçante ; parfois vulgaire, et parfois tendre. Mais toujours avec de vrais morceaux de rire à l’intérieur.
Au commencement était l’humour car il est important, voire fondamental, de ne jamais trop se prendre au sérieux.

Au commencement était la curiosité. Car c’est, évidemment, bien plus valorisant que « la naïveté ». Au commencement était le désir de cueillir le grotesque en toutes choses ; d’explorer avec la même frénésie le quotidien, les sentiers inconnus et les tréfonds de l’inconscient. Au commencement était la curiosité de disséquer le bon et le moins bon, le con et le très con, l’abstrait et l’essentiel, les sentiments et les évènements… Au commencement était donc la curiosité pour toutes les loufoqueries qui ont eu le malheur de me passer par la tête.

Au commencement était l’amour. Comprendre ce qui se passe à l’intérieur, ce qui assaisonne la vie ; la rend tour à tour supportable et insoutenable. Au commencement était l’amour des histoires, des contes, des coups de gueule, des articles torchés à la va-vite sur un rebord de table, des chroniques rigolotes, des digressions sans queue ni tête, des anecdotes farfelues, réelles ou inventées…

Mais le commencement est bien loin à présent. Six ans, sur internet, c’est presque un siècle en âge humain ! L’amour est là, parfois ténu mais jamais absent. L’humour s’efforce de garder le cape, malgré les coups de poignards dans le dos que lui assène la vie. Pour ce qui est de la curiosité, par contre… une certaine lassitude l’a gagnée et elle s’octroie, semble-t-il, des vacances prolongées. Quant à l’envie ! Que dire si ce n’est qu’elle lorgne avidement un tout autre pied-à-terre ? Un lieu bien plus vaste, bien plus dépaysant et totalement prenant.

Vous l’avez peut-être compris, si commencement il y a, c’est qu’il doit nécessairement y avoir fin. Aujourd’hui, cet espace de création n’est plus aussi dynamique, aussi bourré d’envie, d’humour et de curiosité que je le souhaitais au départ. Il est, comme qui dirait, à l’abandon. C’est entièrement ma faute, mais je me refuse de le laisser mourir en silence, comme si de rien n’était.
Cela ne signifie pas que l’écriture ne me passionne plus ; simplement que j’ai besoin de me consacrer à quelque chose de différent. Un roman, peut-être, qui me trotte dans la tête depuis le début de l’année. Un journal, pourquoi pas, même si j’ai toujours cru que c’était une preuve navrante de narcissisme (mais n’est-on pas toujours un peu narcissique quand on écrit ?). Peut-être même un podcast en duo, projet ambitieux qui nous avait séduites, mais que nous avons depuis laissé en friche…
Bref, il y a tant de choses à faire et tellement de monde sur Internet : à quoi bon suivre un chemin déjà embouteillé ? Je vais plutôt me perdre en rase-campagne : ce sera plus amusant !

Qui que vous soyez : amis, famille, connaissances de connaissances ou parfaits inconnus… ce fut un honneur de vous distraire pendant vos errances informatiques. Ce ne sera peut-être pas la dernière fois : après tout, pour user d’une métaphore usée jusqu’à la corde : le phœnix peut renaître de ses cendres ! …du moins si le cœur lui en dit.

Bonne route à vous ! Et soyez sages !

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