Médian

Dernièrement, un humoriste et chroniqueur engagé a évoqué avec nos « chers députés » la possibilité de faire quelques menues économies sur leurs salaires. Après tout, s’il faut se serrer la ceinture en temps de crise, je suis absolument certaine que ces messieurs (et fort peu de dames, sexisme ordinaire oblige, mais ne les oublions pas) seraient prêts à montrer l’exemple, que dis-je, à mouiller la chemise (si coûteuse soit-elle, je suppose qu’on ne s’habille pas chez H&M quand on est député) pour nous sortir un peu de la panade.
Bien évidemment, c’était une boutade que nos représentants ont, en définitive, fort peu goûtée. Jouer avec la santé, l’éducation et le niveau de vie de 65 millions de français : soit. Toucher à l’argent de poche de papi Michu qui roupille à l’Assemblée : ‘pas possible d’entendre des conneries pareilles ! N’empêche…
On sait tous qu’entre les 3 millions et demi de chômeurs et les 600 000 élus du pays, c’est plutôt les seconds (et encore, une petite partie) qui auraient tendance à nous coûter bonbons. Sans compter qu’eux, quand ils tapent dans les caisses, ils ne se contentent pas d’une centaine d’euros !

Mr M (afin de garantir son anonymat, nous le nommerons ainsi…même si ça sert à rien !) proposait donc de passer tout ce beau monde au salaire médian.
Quézaco, le salaire médian ? Et bien, je me remercie de poser cette question incroyablement pertinente ! Le salaire médian se situe pile-poil entre la moitié de la population qui gagne le moins et la moitié qui gagne le plus (clique sur le petit lien si c’est pas clair). En France, le salaire médian s’élève donc à environ 1 700 euros net. Moi, toute fonctionnaire flemmarde et nantie que je suis (c’est pas tout à fait vrai, mais on va pas chipoter), je gagne moins.
Bon, c’est correct, mais c’est pas non plus la fête dans l'hémicycle… D’où un accueil plutôt tiède chez nos illustres dirigeants.
Bah tu m’étonnes ! Perdre d’un coup 6 000 euros, ça doit faire mal au…genou, même quand on est quasiment nourri-loger-transporté-blanchi par le contribuable.
Enfin vous me direz, sécher l’Assemblée, se faire soudoyer par une multinationale afin de voter « non » à un projet de loi écolo et verser des sommes colossales à sa famille en rémunération d’un travail qu’elle n’a jamais fourni (oui, c’est bien toi que je regarde, mon p’tit lapin-gentil), c’est tout de même pas à la portée du premier pécore venu ! En version plus correcte : nos politiques ne font pas un job lambda, ils méritent donc que la pénibilité de leur travail soit reconnue.
Alors primo, je dirai : c’est gentil pour tous ceux qui se tuent au travail pour un smic ; et secundo, j’ajouterai : bin faudrait savoir ! je croyais que s’investir pour son pays, c’était une vocation et qu’on ne faisait pas ça par amour du gain !
Qu’ouïs-je dans l’assistance ? De la… « mauvaise foi » ? Quelle mauvaise foi ? Meuh non, je vois pas du tout de quoi vous voulez parler ! Revenons plutôt à nos moutons.

L’argument le plus ouate-de-phoque à mon gout, c’est celui qui nous oppose que « Bah oui mais non ! Si on veut lutter contre la corruption des politiciens, il faut leur proposer un salaire décent (donc vous confirmez que 50% de la population se fait arnaquer ?). Sans quoi, ils se laisseront volontiers séduire par les pots de vins et autres malversations. »
Eh bah mon cousin, faut mieux être sourd que d’entendre ça ! Je savais pas que la conscience professionnelle et l’intégrité avaient un prix. A ce propos, je me demande pourquoi je tape pas plus souvent dans les caisses…. Les caisses de documents, hein ! Parce qu’évidemment, les caisses, les vraies, elles ne volent pas bien haut, en bibliothèque municipale. Mais du coup, qu’est-ce qui m’empêche de refaire entièrement ma bibliothèque perso, mes collections de cd et de dvd en ponctionnant joyeusement les fonds de mon service ? Vue que je l’effleure à peine du doigt, ce salaire médian qui est si lamentable, je devrais en profiter (même si, je le conçois, voler une médiathèque, c’est le degrés zéro du banditisme). Qu’est-ce qui du coup, me pousse à penser que NON, ce serait véritablement dégueulasse de profiter ainsi du bien public ?
Difficile à dire. C’est peut-être que j’aime un peu mon métier, que mes priorités et mes valeurs ne sont résolument pas celles d’un homme - d’une femme (mais siiii, j'en vois une, là, dans le fonds !) -  politique, ou que je suis moins misanthrope que je le pensais. Je sais pas. C’est une chose curieuse que l’honnêteté, n’est-ce pas ?

Du coup, naïve comme je suis, moi, le salaire médian, je le voyais plutôt comme une façon de faire du tri dans notre panier de pommes pourries. Je me disais simplement que ceux qui ne sont motivés que par le profit, qui se sont lancés en politique comme on se lance dans les affaires, trouveraient peut-être quelque chose de plus lucratif à faire. Je me disais qu’on aurait enfin la paix et que ceux qui resteraient seraient véritablement intègres et résolus à nous rendre la vie meilleure (ne serait-ce que pour voir évoluer sensiblement leurs petits salaires).
Bon, après, en matière de politique, je suis comme tout le monde : j’ai un avis sur tout, même quand j’y comprends rien ! ;-)
 
Mr M l'a rêvé, Fakir l'a fait : pour signer cette pétition (ou juste y jeter un coup d'œil), c'est par ici !

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