Super-héros

On ne pourra jamais sauver le monde.


C’est terminé, l’enfance, le temps des héros en capes et collants qui volent au secours des opprimés et leur épargnent catastrophes climatiques, terreurs et desseins de super-vilains sans scrupules.
Il faut se faire une raison : les super-vilains n’ont pas de super-pouvoirs, ne comptent pas devenir maîtres du monde dans un grand éclat de rire glaçant. Ils ne menacent pas les braves gens de leurs armes bactériologiques. Ils ne viennent pas d’une autre galaxie dans le but d’asservir l’humanité. A quoi bon, puisqu’elle l’est déjà ?


Les supers-vilains sont parmi nous depuis longtemps. Qui les a mis là, tout en haut du donjon ? Quel sorcier maléfique nous a affublé de tels dragons ? Ce ne sont pourtant pas des monstres de contes de fée, mais des individus ordinaires et bien réels. Parfois on les hait, on se méfie, parfois on les soutient et on y croit. Certains semblent différents, prêts à en découdre. On crois qu’ils se détestent, qu’ils sont en lutte, mais ils sortent généralement du même panier.  On râle, évidemment, on résiste, on en veut pas de leur monde à la noix, immoral et tout cassé. Seulement, a-t-on vraiment le choix ? Nous assistons impuissants à une partie de dés, une triste farce, qui se joue entre bons amis de toujours. Ensemble, ils inventent des règles qu'ils déclarent volontiers caduques, obsolètes ou au contraire légitimes. Ils prétendent être la loi, la justice, le Bien.


C’est terminé, l’enfance, le temps des héros. Ceux qui pourraient endosser les capes sont devenus des vassaux. Ils ne s’en défendent même plus ! Leurs valeurs ont fondues au soleil, tandis qu’ils arpentent le bitume en quête d’autres gueules à fracasser, d’autres vies à déglinguer.
 

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