Encore une victoire de Canard!

"Diamonds are a girl best friends" nous chantait jadis la belle Marilyn de sa voix suave de blonde futile.
Car à cette époque, le meilleur ami de l’homme était encore le chien et celui de la femme, le portefeuille de son mari, plus précisément, les pierres précieuses.
Oui, les choses ont bien changé : A présent, l’homme se satisfait surtout de sa grande copine la playstation 3 et la femme… bah, la femme court un peu moins après les diamants depuis qu’elle peut se les offrir elle-même (et donc réaliser que c’est non seulement dur, glacial et sans intérêt mais aussi super cher !). Non. De nos jours, le meilleur ami de la femme, c’est surtout son sex-toy (tatatsaaaaan !).
Et le sujet du jour est bien sûr le plaisir féminin, une industrie qui fait recette !

Mais pourquoi, me demanderez-vous, aborder un thème aussi tape-à-l’œil et digne d’un numéro hors-série de Marie-Claire, moi qui suis pourtant la douceur, la réserve et la pureté incarnée ? Tout simplement parce que j’ai parié que ce type d’article ameuterait davantage les foules qu’une note sur les tempêtes tropicales du Mexique. D’ailleurs, si vous me lisez en ce moment, c’est peut-être parce que j’y suis parvenue (et je frétille déjà d’impatience à l’idée de découvrir les mots-clé tordus qui vous ont conduit jusqu’à moi…)
Revenons plutôt au sujet qui nous intéresse, à savoir les sex-toys de tout poil (n’y voyez aucun jeu de mot scabreux) qui ont envahi, paraît-il, les tiroirs de la gente féminine. Formes et matières variées ayant déridées les plus réticentes, la mode se serait répandue comme une traînée…de poudre auprès de nos Desperate Housewives libérées. Oui, la femme est forte, la femme est belle, la femme est indépendante et elle sait se faire plaisir toute seule (comme une grande). Ahah ! Ça vous la coupe, bande de misogynes ?! Vous n’êtes dorénavant plus les seuls à pouvoir vous soulager sans l’aide de personne. Remplacés par un canard rose vibrant ou des boules de geisha, vous n’êtes certainement plus bons qu’à ouvrir un bocal de cornichons. J’entends d’ici les sifflets et quolibets et je me gausse de voir ces objets, pour le moins étranges, se répandre sur les pages des magazines féminins, les étalages des boutiques vaguement branchées et les rubriques du télé-achat.

Ceci n’est d’ailleurs pas sans me rappelle la quête infructueuse du fictif et défunt point G. Une décennie entière passée à enquêter sur le mystérieux mode d’emploi féminin, pendant que chacun y allait joyeusement de son couplet : " Oh moi, ma femme, son point G, je le connais par cœur. " ; " Gros comme une pièce de deux euros ? Faut vraiment être une quiche pour le louper ! "… Et que je te sors un pavé pour aider ces dames à apprivoiser leur centre du plaisir, et que j’y consacre toute une émission en seconde partie de soirée sur Arte… Un véritable buzz médiatique, une opération marketing de géni, destinés à la femme moderne, libre et décomplexée !

Avez-vous relevé l’ironie et le scepticisme de mes propos, ou êtes-vous trop obnubilés par la pensée d’une femme qui se masturbe pour ne pas comprendre ce que je raconte ? Un peu d’attention, que diable !

Vous l’aurez compris, le sexe est un commerce de choix puisqu’il constitue, avec l’argent, le centre d’intérêt majeur de la population. Combinez les deux et vous obtenez le viagra, les revues coquines, leurs équivalents filmiques, les dossiers bidons des magazines pseudo-psychologiques, les joujoux divers et variés et, plus surprenant, la mode et les cosmétiques qui nous incitent à " rester jeunes plus longtemps " et donc " désirables plus longtemps ".
Puisque dorénavant, la femme s’est entièrement débarrassée de l’emprise des hommes qui l’entourent, elle se doit d’assumer son compte en banque, ses relations et bien évidemment, son corps, sa sexualité. Le sex-toy est donc une manière pour elle de dire : " Regardez ! Moi aussi je peux m’éclater toute seule devant un petit porno et j’ai une véritable collection de godemichets pour le prouver ! " que l’on peut aussi traduire par : " Je suis célibataire mais pas frustrée pour deux sous ! " En fait, la femme se la joue yin et yang en revendiquant sa part de masculinité (le fameux cliché du sexe sans conséquence et sans aucun attachement) tout en mettant en avant son côté le plus féminin et intime.

En tant que petite chose innocente qui découvre la vie et les gens, je me demande surtout si les femmes sont réellement adeptes de ce genre d’accessoires, destinés à prouver aux hommes (passez-moi l’expression) qu’elles en ont ! En cacher toute une armée dans son placard passe encore, mais se satisfaire régulièrement de leur compagnie, j’en doute un peu (vous qui savez sûrement, dites-moi tout !).
Il y a, je trouve, un petit côté snob, dans cette histoire, un côté " Moi, tu vois, hier soir, je suis allée voir ce très beau film coréen en VO sous-titré grec dans un cinéma indépendant de banlieue. C’était pas non plus l’extase, mais tous mes amis en parlaient et il y avait une super-critique dans les Inrock’… Ensuite, j’ai mangé des sushis avec Béa. Oh tu sais, j’aurais préféré une pizza, mais la bouffe jap’, c’est tellement hype ! "
Pour résumer, donc, du snobisme de fille faussement décontractée, fashion et tolérante et une très grande part d’un féminisme au rabais, sclérosé, presque malsain, qui revendique le droit à s’émanciper de ces nounours qui nous infantilisent, afin de mieux profiter de nos jouets de dames expérimentées.
Pourtant, où déceler la moindre petite miette féministe dans ce bordel ? Est-ce en dévoilant aux yeux de tous ses envies et en arborant sa vie privée comme un étendard que la femme se respecte vraiment ? N’est-ce pas une nouvelle façon de nous aliéner, de nous catégoriser ? La sainte-nitouche frigide et muette est-elle vraiment plus alléchante que la " salope qui aime ça " un peu trop ouvertement ?

Oui, bon, je deviens vulgaire, mais vous avez saisi le principe. Le sexe fait du chiffre, d’accord, mais, comme on sait parfaitement que l’argent salit tout, il convient de rappeler que c’est surtout une chose intime qui ne regarde pas l’opinion publique. Le fait de le placer continuellement sur la saynète, d’instaurer des normes de comportement (l’âge du premier rapport, le nombre moyen de partenaires ou de parties de jambes en l’air dans le mois, le tout puissant orgasme…) a pour effets de désacraliser la pratique tout en créant un climat de tension autour du sujet tabou : " Suis-je normal ? " ; " T’aimes pas ? Mais c’est impossible ! "…
On essaye vainement d’appliquer à 7 milliards d’êtres humains un phénomène véritablement personnel et inconstant, au point de banaliser l’acte comme ce qui s’en rapproche (Quoi, la sodomie ? Un vulgaire suppositoire !) et de faire passer les sentiments pour une notions archaïques.
Jamais ce qui se passe dans le lit de la voisine n’aura eu autant d’importance. Jamais chose si personnelle n’aura été perçue de manière si absolue !

Commentaires

  1. La sainte-nitouche frigide et muette est-elle vraiment plus alléchante que la " salope qui aime ça "....

    A choisir, je prends la S.....,

    au moins on est sûr de ne pas s'ennuyer,

    Et toi, tu te mets dans quel "case"?

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  2. ni l'une , ni l'autre...la salope frigide probablement.

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