Mephistophélès

Quelque part dans les profondeurs du métro (mettons, entre la station Eglise de Pantin et Raymond Queneau), un trou béant brille d’une lumière diabolique. Dissimulée par un lot de wagons en file indienne, c’est là que l’on peut trouver la porte des Enfers !
Un rire satanique s’impose-t-il à ce stade du récit ou peut-on continuer notre excursion ?
Rien ? Soit.
La ligne 5 du métro parisien est connue pour ces cliquetis sordides, ces crissements stridents et ces vrombissement incessants, tout droit venus des profondeurs infernales. Bien peu savent cependant que le dernier sous-sol en est finalement bien proche. En effet, comment distinguer les cris d’angoisse et de douleur des nombreux pensionnaires parmi les grincements insupportables des railles. Le repère idéal pour tout démon qui se respecte et qui discrètement, passe son heure de pause-déjeuner à regarder passer les trains, agrippé aux rebords du précipice.

La ligne orange est également connue des usagers pour ces trop nombreuses perturbations. Pas une semaine (et surtout pas un week-end) ne s’achève sans un problème de circulation, de voyageur malade ou pire encore. Un stratagème continuel qui vise à éloigner au maximum les badauds des deux stations maudites ! Il arrive bien, et même souvent, qu’un suppôt de Satan pointe une corne à l’extérieur du gouffre, probablement amusé par notre stupidité et notre absurde capacité à nous loger par centaines dans des boites de conserve. C’est alors un véritable branle-bas de combat pour cacher la vérité aux voyageurs : rattraper la créature, l’empêcher coûte que coûte d’atteindre la zone dite " civilisée " du métro, assurer la continuité et la stabilité du trafic (on s’en doute, c’est bien le plus compliqué en pareil cas !) et donc inventer illico un excuse obscure…et évidemment bidon : " Suite à un problème de signalisation, le trafic est perturbé sur la ligne 5 entre Gare du Nord et Bobigny Pablo Picasso… " (surtout, ne pas sectoriser davantage le problème : cela pourrait éveiller les soupçons !).

On a vu des problèmes perdurer pendant plusieurs jours tant l’évasion était conséquente. Une véritable invasion de tortionnaires diaboliques ! Fort heureusement, il n’est pas interdit d’en écrabouiller deux ou trois au passage ; après tout, " œil pour œil, dent pour dent et bienvenues dans mon Enfer quotidien ! "
Plus bas, bien plus bas, loin de tous ces soucis d’humains ordinaires, la lueur de faiblit pas, quelle que soit l’heure à laquelle vous passez par là. Comme vous le savez sûrement, on y brûle pour l’éternité, ce qui peut paraître assez long. Les plaintes du métro non plus ne semblent jamais s’éteindre.
Il me semble entendre un hurlement venu d’une lointaine guillotine, d’un four, d’une roue ou d’une planche à découper. Vous croyez que je perds la tête ? C’est fort probable. Quoi qu’il en soit, la prochaine fois que vous prendrez le métro, peut-être penserez-vous à moi…

Commentaires

  1. c'est bien pour cette raison que je ne prend plus le métro......j'ai bien trop peur des monstres, bouhhh!!!

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  2. bizarrement, dans le métro, c'est plutôt les gens qui me font peur o_O

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