Collection automne-hiver

Cet hiver, vous aussi, choppez-vous une pneumonie carabinée et restez top fashion super tendance !
C’est entre autres le slogan extrêmement vendeur que m’inspirent les boutiques de fringues ces derniers temps. Entre les serpillières râpées en laine bas de gamme, les pulls sans manches ou troués (c’est au choix) et les petites vestes légères qui n’ont d’hivernal qu’un col en fausse fourrure (du moins je l’espère), je me demande vraiment ce que je vais pouvoir porter d’ici mars !

J’avais simplement besoin d’un vrai gros pull pas trop laid pour affronter les –5° qui vont pointer le bout de leur museau gelé d’ici une quinzaine de jours, et tout ce que je découvre dans les rayons, c’est la conviction que vraiment, ceux qui créent ce type de collections ne posent jamais le pied dehors et surchauffent leurs limousines et leurs réceptions, nimbées de Ferrero Rochers et de Dior (J’adôôôre !), jusqu’au retour des beaux jours.
J’avais effectivement conscience que le type d’étrangetés entrevues dans les défilés n’étaient pas réellement faites pour être portées... Pas par le commun des mortels, en tous cas. Ou peut-être est-ce un peu comme de l’art, à savoir qu’on aime beaucoup le Radeau de la Méduse mais qu’on imagine assez mal l’effet qu’il pourrait faire dans notre salon (où d’ailleurs, un tel chef-d’œuvre n’aurait aucunement sa place…ni même de place parce, de toute façon, c’est bien trop petit, il faudrait démolir une cloison et le proprio ne serait sûrement pas d’accord).

Mais je crois que je digresse. Reprenons donc quelques lignes plus tôt. Je vous disais donc : « J’avais effectivement conscience que le type d’étrangetés entrevues dans les défilés n’étaient pas réellement faites pour être portées » mais, je ne supposais pas qu’il en était de même pour les collections saisonnières de H&M et Camaïeux.
Je ne suis pas du genre à me lamenter pendant trois semaines sur la mode, pour ainsi dire, je n'en n'ai pas grand chose à cirer. Je fais partie de cette catégorie d'être humain qui, pourvue qu'elle ait un bout de chiffon pas trop épouvantable à se mettre, voir même assez convenable à regarder, ne va pas chercher à renouveler sa garde-robe toutes les semaines, ni tenter de relooker la première morue qu'elle croise en espérant naïvement lui sauver la vie. Pour faire bref: la mode et moi, on est pas vraiment « les meilleures amies du monde ». Ceci peut donc expliquer pourquoi j'ai tant de mal à dénicher une fripe potable dans ce monde de luxe (de brutes!), des chaussures à talons pas trop casse-gueule, un imprimé qui ne parte pas au premier lavage ou encore le sacro-saint pull-over, bien sous tous rapports et suffisamment chaud pour affronter le froid, le vent, le givre et la neige.
Alors de deux choses l'une: ou les femmes modernes, belles, fortes et indépendantes le sont tellement qu'elles ne ressentent pas les effets de l'hiver sur leur merveilleuse petite personne (moi, par exemple, quand j'ai froid, je claque des dents, j'ai la chaire de poule et je peux rafraichir une bière rien qu'en y trempant l'orteil); ou alors, tout comme nous (les gens normaux), les femmes modernes, belles, fortes et indépendantes se gèlent cruellement les miches pendant cinq mois dans l'espoir saugrenu de ne pas ressembler à Bibendum. M'est avis que trois grippes en si peu de temps, c'est cher payé pour avoir l'air d'une princesse toute l'année.

Quand bien même elles décideraient d'opter pour cette solution (chacun fait ce qu'il veut, après tout), ce n'est pas une raison pour en faire une référence en matière de prêt à porter. D'autres consommatrices lamba ont peut-être envie de faire un saut à la montagne ou juste de survivre jusqu'à l'hiver suivant.
Pour ce faire, peut-être ont-elles fait, comme moi, le tour des enseignes de la capitale en se disant que « Bon sang, il serait peut-être temps de sortir du placard magique la collection Hiver! », sans s'apercevoir, ces grandes gourdes, qu'elles l'ont justement sous les yeux.
Je dois admettre que sur le moment, ça surprend beaucoup. Impossible de trouver un manteau digne de ce nom, un pantalon un tant soit peu épais, un gros tas de laine qui ne soit pas une écharpe ou un poncho. Quant aux chaussures... Information capitale: la tendance de cette année est aux bottines ouvertes. Tellement pratique, cette petite aération au bout, pour s'ébattre joyeusement dans la neige!
Non vraiment, c'est un choc. On a la soudaine impression d'avoir passé la frontière en même temps que le pas de la porte. Quelle surprise de se retrouver en Floride alors que deux minutes plus tôt, on se demandait encore lequel de nos dix doigts allaient tomber le premier!
A présent, la question que l'on se pose surtout, c'est « qui peut bien porter ce genre d'abominations hors de prix et surtout comment? ». Hormis une rentière punk, une comtesse new-age ou une pin-up bobo à l'appartement-voiture-bureau confortables et chauffés au dessus des 23°, je ne vois pas.

Enfin, rassurez-vous, j'ai enfin pu mettre le grappin sur un pull grisâtre en grosse laine, pas déplaisant et comble de joie, le dernier d'une longue et respectueuse lignée de modèles, et à ma taille en plus!
Voilà, je suis parée pour l'hiver: gros pulls, gros manteaux, grosses écharpes, grosses chaussettes, gros bonnets et grosses moufles. Le blizzard peut bien ramener sa fraise, il ne me fait plus peur. Le chauffage en panne du boulot non plus.

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