Zzzzzz !

Cette nuit j’ai eu une idée. Entre deux rêves, elle semblait bonne. Excellente même. L'esprit encore embué par le sommeil, je me souviens avoir songé : « Je tiens là un sujet parfait pour un texte. Dès demain, le blog pourra s’enorgueillir d’une note toute fraiche ! ». Puis je me suis rendormie.
Au matin, j’avais tout oublié.  Non seulement je ne me souvenais pas de cette idée lumineuse, genèse probable d’un texte mémorable, mais je ne me souvenais pas non plus d’avoir réfléchi à quoi que ce soit au cours de la nuit. Ce n’est qu'à présent, prostrée devant un triste ordinateur ronronnant et après avoir songé que je n’ai rien écrit de valable depuis plus d’un mois, que je me rappelle cette sensation. Une impatience. Une fatigue intense. Une jubilation. Des mots qui fusent. Je crois que je la tiens ! Mes yeux se ferment.

Au réveil, pourtant, elle s’échappe tel un rêve. C’est tellement commun. J’aurais dû résister. J’aurais dû me lever. Griffonner trois mots sur un bout de papier pour ne pas oublier. Je savais pertinemment que cela arriverait. Ce n’est pas la première fois. C’est même toujours comme ça. C’est frustrant à la fin ! Dire que j’aurais pu produire quelque chose de totalement inédit et que j’ai du y renoncer par pure fainéantise !
Si l’on reconsidère les choses, on peut même voir plus grand. Je tenais peut-être cette  nuit les prémices de mon œuvre majeur. LE roman de ma vie, celui qui allait tout changer. Le truc génial et trop tendance qui ferait "culturé" dans les soirées, un peu comme cette "Madeleine de Proust", revenue à la mode par on ne sait trop quel miracle médiatique et dont on abuse un peu partout jusqu'à indigestion : "Oh vous savez, Charles-Martin, le badminton, c'est un peu MA madeleine de Proust"... Oui, ce genre de truc phénoménal que tout un chacun cite en référence interplanétaire sans jamais l'avoir lu ou tout juste feuilleté à seize ans en cours de français. Et dire que je suis passé à côté de la postérité, c'est tout de même déprimant !
Que? ...Quoi? Ah, on me souffle dans l'oreillette que j'en fait un peu trop. Admettons.
Mais quand bien même, ça se tiendrait presque finalement. Avec toutes les idées originales que j’ai laissé filer au pays des rêves, il y avait bien de quoi fabriquer un roman. Au beau milieu de tout ce fatras, il y en avait bien UNE de valable. Et je l’ai perdue. Pour toujours.

Cependant, on peut aussi envisager le problème à l’envers : la nuit les gens rêvent et lorsqu’ils se réveillent, ils ont parfois du mal à renouer avec la réalité. Du coup, ce que j’ai pris pour une inspiration soudaine n’était peut-être que les souvenirs d’un songe entre deux phases de sommeil.  Ou encore, j’ai cru tenir l’idée du siècle alors que j’ai juste rêvé l’avoir eue. Certains rêves peuvent s’avérer être de bonnes sources d’inspiration, mais il ne faut pas rêver (aha aha)! Généralement, on a plutôt affaire à un ramassis de conneries. Si je m’étais levée pour prendre des notes, j’aurais certainement été très déçue ce matin en me relisant. C’est, je pense, le genre de choses qu’il faut se répéter lorsqu’on est sujette à ce genre d’absences. Sans quoi, la déception devient si grande que l’on finit par ne plus écrire du tout.

Donc, pour résumer, j'ai failli écrire un texte et à la place, j'ai écris un texte sur ce fameux texte que je n'écrirais probablement jamais. Après tout, c'est peut-être mieux ainsi. Pour une fois, essayons de nous dire qu'il vaut mieux priver le monde d'un hypothétique chef-d'oeuvre que de lui infliger une nouvelle catastrophe.

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