"There are two kinds of people in the world..."

Qu’est-ce que la réussite ? Qu’appelle-t-on exactement "réussir sa vie" ? S’il n’est pas nécessaire d’avoir une Rolex à 50 ans, alors de quoi s’agit-il ?
On peut certainement estimer que Mozart a "réussi sa vie" : plus de 620 œuvres, ce n’est pas à la porter du premier péquin venu !  Mais si l’on nuance un peu le propos, on peut aussi affirmer que mourir comme un chien à 36 ans et être balancé dans la fosse commune, ce n’est pas spécialement reluisant.
Alors, évidemment, avec le recul, il est facile d’affirmer qu’un si grand artiste a réussi sa vie et nombreux furent ceux qui tentèrent d’embrasser un destin similaire. Mais si l’on avait vu les choses avec les yeux de Mme Mozart, par exemple, on aurait plutôt pensé : "Bordel, quel gâchis !". Réussir sa vie c’est donc une question de point de vue. Toutefois, pour un artiste, cela pourrait se résumer à :
1-    La Notoriété
2-    La Postérité
3-    Vivre de son art et ne pas crever dans le caniveau
On peut posséder seulement  l’un des trois et réussir sa vie, mais le tableau complet, c’est tout de même plus séduisant.

Du coup, les non-artistes ont-ils eux aussi le droit de réussir leur vie ? Assurément, répondent en chœur ceux qui étaient absents le jour de la distribution de talents et les phobiques de la célébrité, sinon, on aurait plus qu’à se tirer une balle. D’accord, mais comment procéder ?
Deux autres solutions : le pouvoir et l’argent.
Vous êtes le patron d’une multinationale ? Vous êtes à la tête d’un pays respecté ? Vous gérez la distribution de petits gâteaux à la récré ? Félicitations ! Vous êtes quelqu’un d’important, les autres ont BESOIN de vous, vous avez réussi votre vie.

Ok. Passons à ceux qui ne sont ni artistes, ni pleins aux as, ni adulés par le bas peuple. Vous êtes, contrairement à Mozart, un péquin lambda. Vous travaillez honnêtement sans pour autant espérer décrocher la lune et le seul individu qui admire votre toute puissance est votre gentil cocker William. Quel pourrait-être au juste votre conception de la réussite ? Peut-être bien…
1-    Fonder une famille
2-    Avoir un "bon" travail (comprenez une source de revenue régulière)
3-    Devenir propriétaire.
En bref, bénéficier de ce sentiment inégalable de sécurité et de fiabilité, que ce soit en termes de relations humaines, de finances ou de logement. C’est, certes, conventionnel, mais ça tient chaud l’hiver. Ainsi donnez-vous l’impression à votre entourage d’avoir "réussi votre vie", du moins, jusqu’à votre divorce, votre mise à pied et la revente forcée de la maison de vos rêves.

Car ne nous y trompons pas, l’image que l’on renvoi aux autre est fondamentale en matière de "réussite". Vous ne pouvez décemment pas décider par vous-même "Hey ! J’ai réussi ma vie !". Ce serait trop simple. Il vous faut donc l’aval de votre entourage, voir (et cela surtout si vous êtes un artiste ou un personnage important) celui de la majeure partie de l’humanité.
Un petit exemple (facile et plus ou moins inspiré par le dernier texte de mon cher et tendre) : le cas Marylin Monroe. Icône blonde parmi les blondes, star adulée, pin-up au corps parfait. Partie de rien, arrivée à l’immortalité.
Vie réussie ?
Vie lucrative, peut-être, mais entre drogue, viol, mépris de soit, puis suicide, le mot "réussite" a tout du sarcasme. Lorsqu’on tente désespérément de s’imposer comme une véritable Actrice, mais que tout Hollywood vous enferme dans le statut de poupée gonflable qui chante et se dandine, on peine probablement à considérer sa vie comme réussie.
Pourtant, d’un point de vue quasi-planétaire, Miss Monroe fut et demeure la plus grande des stars, désirée par tous les hommes, enviées par toutes les femmes… De quoi pourrait-elle se plaindre ? Vie réussie, un point c’est tout !

Et pendant que j’écris ce ramassis d’absurdités, une question me taraude : à quel âge peut-on considérer que quelqu’un a réussi ou non sa vie ? Nombreux sont ceux qui se sont ventés d’avoir « réussi » pour finalement se prendre un gadin monumental quelques années plus tard (cf. le divorcé chômeur locataire d’un studio du troisième paragraphe) et on ne compte plus le nombre d’enfants-stars retombés dans l’oublie passée la puberté.
Il serait donc plus judicieux de faire le point à la toute fin, mais cela comporte également quelques risques. Qui sait si, sur son lit de mort, Mozart n’a pas pensé : "Et merde ! Tout ça c’est de la faute de papa ! Moi, j’ai toujours détesté la musique et tout ce que je voulais, c’était faire le tour du monde !  J’ai véritablement raté ma vie !".
Ainsi, il mourut, pauvre et malheureux, sans avoir pu démontrer à quiconque que sa vie aurait été bien meilleure s’il avait été explorateur.

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