Jeanne d'Arc ?

En ce moment, il parait qu’on n’est pas correct avec le public et qu’il va falloir y remédier fissa. Ça s'était un peu calmé jusque là, mais il semblerait qu'il y ait eu de la récidive ! D’aucuns se seraient plaints auprès de la direction ou de la mairie. Des attitudes, des remarques un peu limites seraient à déplorer. Alors bon, j’dis pas, ça peut arriver : on n’a pas que des gens charmants parmi les employés (ni parmi les usagers d’ailleurs…enfin ça, c’est un tout autre problème). Mais ce matin, j’ai mis un pied dans la Quatrième dimension des rapports humains. Un truc étrange, inexplicable, à la frontière du surnaturel.

Je termine les prêts d’une personne, lui donne la date de retour, la salue gentiment (ah si-si, j’vous jure : sage comme une image !) ; puis je me tourne vers ma collègue (qui se reconnaîtra si elle passe par là) pour répondre à la question que celle-ci m’avait posée avant l’arrivée de la lectrice.
J’ai à peine ouvert la bouche que cette dernière, arrivée sur la pas de la porte, se retourne et me lance calmement : « J’ai entendu ce que vous avez dit. Ce n’est pas très gentil ! »
Je reste interdite. J’ai sûrement mal compris. La faute à la fin de la semaine, la fatigue, le printemps, son soleil qui chante, ses oiseaux qui brillent... Serait-ce une blague ? Vue le ton badin, on serait en droit de se poser la question, et pourtant quelque chose me chiffonne.
Ma collègue lui demande de quoi il s’agit, étant donné que nous n’avons encore rien dit. Mais la dame s'en va, drapée dans sa dignité, après un ultime regard entendu (qu'elle est d'ailleurs seule à "entendre", puisque nous, abasourdies derrière notre comptoir, n'y entendons goutte)

Alors moi, y’a pas de problème, je veux bien rester polie, disponible et bienveillante avec les usagers. C’est normal, nous sommes dans un service public et la journée est toujours plus agréable sans crêpage de chignon. Si telle est la politique de la collectivité, je peux même faire un effort pour leur lécher un peu les pompes. Mais s’ils commencent à entendre des voix, c’est tout de même pas de ma faute !

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