Les mystères inextricables de la boîte de retour

« Je l’ai rendu, j’en suis sûr ! En fait, je l’ai mis dans votre boite ! C’est sûrement ça, le problème. »

Alors, alors… Mettons les choses au clair. Quand votre facteur dépose une courrier dans votre boite aux lettres, quelle est au juste la probabilité qu’il se perde avant que vous ne le récupériez ? Existe-t-il une faille spatio-temporelle tout au fonds, qui aspire fatalement les objets qui auraient le malheur de s’y aventurer ?
On admettra que c’est relativement peu probable. Évaluons les possibilités : ou bien votre facteur n’a JAMAIS déposé le-dit courrier dans votre boite, ou vous ne l’avez pas récupéré, ou encore, vous l’avez bel et bien intercepté mais l’avez rangé sans l’ouvrir (erreur, oubli, que sais-je !)

Si l’on revient au cas qui nous intéresse, à savoir notre boite de retour magique qui dévore les documents que les usagers innocents et consciencieux glissent à l’intérieur avant la date fatidique, essayons de faire le point :

-  Première hypothèse, nous avons oublié de passer en retour le document litigieux. Je ne vais pas vous mentir, il nous arrive de faire des erreurs, c’est même très fréquent. Dans ce cas, il y aurait deux possibilités : soit on l’aurait, d’une manière ou d’une autre, retrouvé en rayon (fin de l’histoire, l’honneur est sauf, merci m’sieurs-dames), soit une autre personne l’aurait emprunté (et de fait, nous n’aurions plus aucune raison de vous le réclamer, puisqu’il serait passé sur sa carte, à elle). Ou alors, la personne en question a omis (plus ou moins volontairement) de passer à la banque de prêt avant de l’emporter. Mais là, ça ferait quand même beaucoup de hasards hasardeux ! Considérons que cette option n’est pas la bonne et poursuivons plutôt notre enquête…

-  Autre solution, nous n’avons pas vidé la boite. Là, j’ai envie de dire tout simplement « bullshit !». Mais je vais au moins vous faire la faveur de développer un peu. Nous contrôlons cette boite au minimum 3 fois par jour : le matin dès notre arrivée, avant l’ouverture et à la fermeture de la médiathèque. On peut admettre sans trop de mauvaise-foi que cela réduit les risques. Pire encore, lorsque nous vous réclamons un document (par mail ou courrier…que bizarrement, vous ne recevez jamais. Décidément, une petite discussion avec ce facteur s’impose), il a déjà une semaine de retard minimum. Si vous estimez que le problème vient de nous et de notre capacité à vider correctement cette boîte, cela voudrait dire qu’aucun des 30 employés de la structure n’y a touché durant ce laps de temps. C’est tout bonnement impossible ! Même pour des fonctionnaires.

-  Reste la disparition inexpliquée (lutins ? alien ? kleptomane obsessionnel et passe-muraille ?). Vous glissez un livre, un dvd, une revue dans la fente d’une boite dont le contenu est inaccessible aux passants. Mais que peut-il bien se passer à l’intérieur de ce réceptacle ? Mystère ! …Non, mais sérieusement ! Pour paraphraser le plus grand détective de la littérature, Sherlock Holmes lui-même : « quand on a écarté toutes les possibilités, il ne reste que la plus logique ». Et entre un simple oubli de votre part et un monstre bibliovore tapi dans notre boite, qu’est-ce qui vous parait le plus logique ? Sincèrement ?

Vous avez saisi le concept ? On peut s’arrêter là ou vous comptez vraiment vous ridiculiser davantage en poursuivant ce débat stérile ?

… Ou alors, j’ai peut-être une dernière hypothèse… Parce que vraiment, si vous l’avez rendu, « sûr-sûr, je me revois le faire, et même qu’il y avait des témoins ! », il faut bien se rendre à cette ultime évidence… Surtout ne paniquez pas, mais… Je crois qu’on vous en veut personnellement et que l’on planque volontairement les trucs que vous rapportez. Comme ça. Juste pour vous emmerder !

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