"Avec le temps..."

La mort est une chose naturelle. Et je dis cela sans aucun cynisme. Je n’essaye pas non plus de vous annoncer une tragique nouvelle. A ce que je sache, pas de disparu récent dans mon entourage ni de fin imminente en ce qui me concerne. Non. J’ai prononcé ces mots simplement parce que c’est vrai. Ça fait quand même un sacré bout de temps que l’Homme meurt et voit des êtres mourir autour de lui. C’est un fait : ce qui a un début a nécessairement une fin. Alors pourquoi n’arrivons-nous pas, après des millénaires passés sur cette Terre, à nous faire à cette idée ? Et quand je dis «nous», pour une fois, je m’inclue dans le lot. Je ne suis pas totalement cruche et sais donc parfaitement que rien n’est éternel, pourtant la disparition progressive de ceux qui m’entourent et me sont chers m’inquiète beaucoup (le bel euphémisme que voilà, n’est-il pas ?). Ma mort, en soit, me concerne peu. A vrai dire, je ne serai plus là pour en parler, même si l’idée de faire de la peine aux personnes évoquées précédemment me tire une petite larme (oui, bon, c’est une image ! N’essayez pas de m’imaginer, pleurant comme une madeleine devant mon écran : ce serait pathétique).

Je suppose (mais ce n’est qu’une hypothèse) que si nous avons du mal à nous figurer notre propre fin et tout ce qu’elle implique (arrêt définitif du cerveau et donc de la pensée, occupation uniquement physique et donc totalement superficielle d’un cercueil qui aura coûté un bon petit pactole aux vivants, décomposition, larves et asticots…etc.) c’est surtout parce que notre pauvre petite caboche possède elle aussi ses limites et est incapable de concevoir ce jour où…elle cessera à tout jamais de « concevoir ». Un peu lorsqu’un imbécile heureux vous demande de ne penser à rien. Nombreux sont alors ceux qui se disent : « Ne penser à rien ! Surtout, ne penser à rien ! »
Inutile de préciser que le mot n’est pas la chose et qu’il ne suffit pas de méditer sur ce « rien » pour que ça marche (vous suivez ?).
Donc, logiquement, ce devrait être cet état de non-existence qui nous effraie, nous qui, d’aussi loin que remontent nos souvenirs, avons toujours existé. Le souci doit, entre autres, se situer dans cette fameuse conscience que l’humain a de lui-même. (J’ignore si le Cogito de Descartes serait ici utilisé à bon escient, puisqu’il parait qu’il ne veut pas vraiment dire ce qu’il a l’air de dire. Toutefois, comme il y a peu de chance pour que j’arrive à recracher correctement mon cours de philo, je préfère m’abstenir d’énoncer une nouvelle énormité. Merci de votre compréhension). En gros, si nous étions des yorkshires nains, tout cela ne serait pas arrivé et on aurait évité une belle psychose de masse !

Mais bon, de là à se réfugier dans des lubies qui prônent la vie éternelle… 'faut tout de même être sacrément fêlés ! Déjà parce que, tout comme la « toute fin », l’absence de fin n’est pas envisageable. Bah oui, outre le néant, l’infini non plus ne peut être imaginé par nos jolis petits cerveaux dont on a si longtemps loués les vertus (je sais, c’est dur, mais il va falloir s’y faire…) Et ensuite parce que, franchement, qu’est-ce que vous voulez qu’on en fasse de la vie éternelle ?! Comme si ça n’était pas suffisamment fatiguant de gérer celle qu’on a sous le coude !
Alors bon, je vois d’avance accourir tous ces beaux parleurs pour nous seriner leur doux refrain :
« Oui, mais ce sera une vie plus saine, sans haine, sans souffrance, sans maladie, sans manque ; plus de faim, de soif, plus de froid, de chaud, plus de colère, luxure, orgueil, paresse, envie, gourmandise, avarice… (quelle éclate, mes petits loups !). Juste l’éternité passée dans le bien-être et la félicité la plus totale… »
Pour résumer : on va bien se faire chier !

Rien à voir avec du pessimisme primaire ; simplement, que ce soit en ce bas monde ou dans un autre, au milieu des nuages (je ne suis pas certaine de parler du pays des bisounours…), l’éternité, ce n’est pas un sympathique petit séjour au Brésil. L’éternité c’est VRAIMENT l’éternité !!!
En d’autres termes : si on vous parle de paix, de bonheur, de volupté pour les 100 prochaines années, nul doute que vous signez tout de suite ! Cependant, si on vous propose le même menu pour les millénaires à venir, ceux qui suivent, ceux qui suivent ces derniers et ainsi de suite… loin de moi l’envie de vous décourager, mais ça commence à devenir sacrément long. En fait, l’éternité, quelle que soit le programme initial, ça peut rapidement devenir l’enfer lorsqu’on a tout vu, tout fait, tout appris… Et en admettant que l’éternité se passe à écouter du Claude François et à lire le journal intime de la dernière pouffe en vogue, je préfère encore vous souhaiter une bonne crise cardiaque bien de chez nous !

Du coup, quand j’apprends (car finalement, c’est de cela qu’il s’agissait) que seulement 36% d’individus (sondés par un magazine dont je tairais le nom, puisqu’on ne lit pas que des choses intelligentes mais qu’on a quand même sa petite fierté !) seraient intéressés par l’immortalité, je suis étrangement rassurée sur la santé mentale de la majeure partie de l’espèce. Pas sûr que les 64% restant soient plus futés que les autres, mais j’ai au moins l’illusion d’avoir quelques similitudes avec le commun des mortels…

Commentaires

  1. "L'éternité c'est long surtout vers la fin" disait notre cher Woody Allen.
    J'ajouterais un lien vers une petite vidéo qui te feras bien rire :

    http://www.6nema.com/fabricegenin/court-metrage/chat_noir-1041

    Je rajouterais encore que tu as toujours le don d'écrire ce que je pense mais qui file tellement vite dans ma tête que je n'ai pas le temps de l'écrire x) Enfin je ne suis pas toujours aussi névrosée que toi hein! :p

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