Atchaaa!!!

Je suis malade !
Ce n’est pas une information. C’est un état permanent. J’ai toujours quelque chose qui ne va pas : lorsque ce n’est pas ma digestion (qui se paye ma pomme en me donnant des symptômes de femme enceinte), ce sont des allergies (à quoi ? l’enquête est toujours en cours), quand ce n’est pas un rhume tous les deux mois, ce sont des quintes de toux qui mettent cinquante-trois minutes à passer (le temps de ruiner ma trachée pour les quatre jours suivants) et quand, finalement, on me fiche la paix, je me retrouve engluée dans un problème mensuel typiquement féminin.

Je suis malade. J’ai un système immunitaire défaillant, périmé depuis 5 ans et que personne n’a jugé bon de remplacer. Remboursée ! C’est un scandale ! Ma mère plaide non coupable. Le mécanicien a déclaré forfait. Je suis allée chez Darty, il refuse d’en entendre parler. « Pas question, dit le SAV, de reprendre un service garanti 18ans. On voit bien qu’il ne date pas d’hier, inutile de mentir. Débrouillez-vous donc toute seule ! ». Leur façon, je suppose, de me faire comprendre que ce ne sont pas leurs oignons, et il faut bien admettre qu’ils n’ont pas tout à fait tort…

Je suis malade, certes, mais rarement assez pour avoir droit au repos : une petite crève, une vague nausée, ça n’a jamais empêché personne d’aller bosser ! Du coup, j’y fonce tête baissée et morve au nez, avec tous mes germes et ma bonne volonté. Je passe donc facilement pour la faiblarde du lot, celle qui (comme dirait assez vulgairement mon géniteur) « a toujours un pet de travers » (et il dit aussi : « toi, quand t’as pas mal à la tête, t’as mal au *** ! », c’est dire si la question est récurrente.). Une autre (dont je tairais le nom) me fait remarquer, avec un sourire moqueur, que (je cite) je n’aurais pas fait long feu dans un camp de concentration (mettons ce genre d’âneries sur le dos de ses tragiques antécédents familiaux). Et moi, je lutte contre l’envie de répliquer que ce n’était pas spécialement le genre d’endroit où l’on pouvait trouver cigarettes, café et pique-rate à volonté et que, de ce fait, je ne l’imagine pas survivre plus longtemps que moi dans de pareilles circonstances (et toc !). Au lieu de ça, je me contente de répondre que l’Histoire aurait eu raison de moi bien avant cela : guerres de religions, massacres variés, inquisition, peste noire… et tant d’autres évènements charmants auraient suffit à m’achever avant même l’arrivée du XXe siècle ! Je lui précise aussi que je ne m’absente que très rarement et uniquement en cas de décès imminent, contrairement à d’autres qui (les chanceux !) trouvent toujours le moyen d’attraper au vol la gastro saisonnière, la petite angine qui passait par là, a vu de la lumière et est entrée, ou encore une belle grippe toute neuve et particulièrement en vogue. Moi au moins, je peux m’enorgueillir de n’être quasiment pas victime de ces petits tracas qui vous transforment en épaves pour les quinze jours à venir. Que voulez-vous ? Lorsqu’on est une malade chronique, on se console comme on peut.

Voilà. Malgré tous mes efforts pour passer pour une femme forte, libre, indépendante, c’est désormais une idée très largement répandue : je suis une petite chose fragile au nez qui coule. Pourtant, avec toutes les saletés que je me trimbale, on devrait plutôt s’étonner que je sois encore en vie. Ma combativité, contrairement à mes globules blancs, n’a rien à envier à l’organisme du voisin. Chose non négligeable : je ne suis pas du genre à être malade pendant les vacances. C’est que mon corps si délicat sait parfaitement ce qui est bon pour lui ! Il n’est pas du genre à cracher dans la soupe lorsqu’on lui propose enfin de se remettre d’attaques microbiennes successives.
Et puisqu’aucun traitement ne fonctionne assez bien pour le remettre dans le droit et long chemin de la bonne santé, pourquoi ne pas tenter l’intervention de la dernière chance : le contrat de vacances à durée indéterminée ?

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