Inhumanité

J’essaye de comprendre ce qui ne tourne pas rond chez vous. J’essaye de me mettre à votre place, d’imaginer ce qui pourrait justifier votre attitude. J’essaye de comprendre pourquoi vous vous faites du mal ; aux autres bien sûr, mais surtout à vous-même. Pourquoi passez-vous votre temps à prendre des décision irréfléchies, absurdes, détestables ? Ou encore à tenter de vous convaincre que ce qui est triste, bête et sale est forcément ce qu’il y a de meilleur pour vous ? Pourquoi tentez-vous constamment d’en persuader le voisin, par la dérision, la répétition, la violence ?
J’essaye de comprendre ce qui pourrait expliquer une telle haine de ce qui vous entoure, de l’humain quand il est trop différent et ne pense pas comme vous, de l’animal que vous jugez inférieur, de la société dont vous êtes membre et que vous détestez tout en en étant dépendant, de la nature qui n’aurait pour autre but que de satisfaire vos exigences d’enfants gâtés. Pourquoi tant de haine ? dirait-on. Pourquoi pas l’amour ?
 Mais peut-être parce que même en amour vous êtes haineux et déraisonnés. Vous cherchez la perfection qui vous ressemble totalement et qui jamais n’existera. Vous êtes d’ailleurs incapables d’imaginer une perfection qui n’ait rien de commun avec vous. Vous finissez par détester l’être qui partage votre quotidien, par exécrer ce qu’il y a de rebelle en lui, ce qui vous résiste et vous contrarie. Dominer l’autre ou prendre plaisir à se laisser écraser ? Une question bêtement manichéenne à laquelle vous tentez toujours de trouver une réponse.

De toute façon, vous ne cessez de vouloir trouver une réponse, un sens à tout ce qui se passe : à l’Histoire autant qu’aux émotions, à votre vie autant qu’aux lois de l’univers. Et, quand bien même, sens il y aurait, n’admettrez-vous jamais que vous êtes trop petits, trop ignorants et bien trop insignifiants pour en saisir le moindre détail ? Une fois pour toute, il faudrait s’enfoncer bien profondément dans le crâne que nous ne sommes ni meilleurs ni pires que des fourmis qui s’agitent devant un morceau de sucre, érigent des cités vertigineuses et procréent sans se soucier des conséquences. L’Homme n’est peut-être qu’un insecte qui a réussi…
J’essaye, moi, de comprendre, de trouver une raison qui pourrait justifier votre existence, notre existence à tous. Je ne la vois que scientifique, il ne peut y avoir de dieux la dessous. Ou alors, ils nous auraient abandonnés à notre propre sort, dépités par notre stupidité génétique. S’est-on jamais dit qu’il se pourrait qu’ils s’amusent de nos gesticulation, qu’ils fassent avec nous de pathétiques expériences ou qu’ils souhaitent simplement nous anéantir ? A-t-on envisagé l’hypothèse qu’ils n’aient finalement aucun contrôle sur les évènements ?…

Non. Les dieux n’ont probablement rien à voir dans ce merdier, ou bien ce sont là de bien petits dieux, des dieux inoffensifs qui ne se soucient pas plus de votre devenir que moi de ce qui se passe en ce moment à trois pâtés de maisons d’ici. C’est certain, la raison de votre présence sur cette Terre est purement physique et chimique. Tout cela parce qu’un singe à trouvé plus agréable de se balader debout et que, bien avant cela, quelques cellules ont pris la décision (lourde de conséquences !) de se mettre à muter n’importe comment !
Mais puisqu’il arrive, nous le savons, qu’un organisme crée sa propre destruction, qui peut affirmer que nous ne sommes pas le cancer de notre espèce ? Une simple dégénérescence de l’évolution. Je n’en sais rien. J’essaye juste de comprendre.

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