Baygon

Il y avait un cafard dans le four à micro-onde. Ne cherchez aucun sens poétique, symbolique ou onirique à ce propos. Il y avait réellement un cafard dans le micro-onde. Vraiment. Enfin...c'est ce qui se raconte. Je n'ai pas pu m'en assurer par moi même, d'ailleurs, c'est bien simple, j'aime autant éviter. Le cafard et ses homologues me répugnent. En fait, c'est le mot poli pour dire que je les trouve dégueulasse, qu'ils soient entiers ou écrasés, et que je crève d'envie de me foutre la tête sous le canapé à chaque fois que j'en vois à la télé. A condition qu'il n'y en ai pas un de caché sous ce même canapé, bien sûr.
Toujours est-il qu'un cafard, un vrai, a vécu relativement longtemps dans le cadran électronique du micro-onde de la cuisine de l'endroit où je travaille, où il m'arrive, parfois de réchauffer des plats, une tasse d'eau chaude pour le thé...etc

La question que tout le monde se pose désormais c'est: "qu'est-il devenu?"
D'aucuns prétendent qu'il y serait encore... mort, cela va sans dire! Du coup, on peine à avoir de l'appétit lorsqu'on s'imagine réchauffer son assiette de pâtes carbo dans un cercueil pour nuisible. Pour quelqu'un qui a une sainte horreur des cafards, en tous cas, c'est assez légitime. On se plaît à penser qu'il n'y est peut être pas seul et qu'il, ou peut être elle, a même pour lui tenir compagnie au "paradis des blattes", une tripotée d'enfants, de petits-enfants, d'arrières-petits-enfants et ainsi de suite. Enfin, lorsqu'on ne se laisse pas complètement dégoutter par ce type de spéculations, on peut toujours en rajouter une couche en se rappelant que le cafard est, non seulement l'animal le plus immonde qui soit, mais aussi le plus incroyablement résistant. En tant que phobique de l'espèce, voici quelques "rumeurs" qui auront tôt fait de vous filer la chaire de poule.
On prétend qu'une blatte peut survivre un mois après qu'on lui ait arraché la tête...avant de finalement mourir de faim (eh oui, c'est... logique).
On prétend que le cafard est, avec le rat, l'unique animal susceptible de survivre à une explosion nucléaire ou à des radiations variées.
On prétend que le simple fait d'écraser une Madame Cafard libère les quelques soixante-dix œufs qu'elle conservait bien au chaud à l'intérieur.
Et je m'arrête là, car rien que d'écrire ces mots, j'en ai des frissons d'effroi et le sentiments écoeurant d'en avoir partout sur le corps!

Il y a un cafard dans le four à micro-onde. C'est un fait. Et si l'on reprend à notre compte la théorie du chat de Schrödinger, nous avons, avant ouverture méthodique de l'engin et donc vérification, un cafard à 50% mort et à 50% vivant. Ce qui n'a strictement rien à voir avec le sujet. Quoique...
Si l'on admet qu'il est mort, aucun intérêt hormis l'idée que vraiment, c'est dégouttant, ma bouffe fréquente une bestiole crevée!
Si en revanche, il est encore en vie, on peut s'imaginer qu'il cherche encore la sortie... en vain. Il doit aussi trouver de quoi se nourrir, ce qui dans un micro-onde, semble être assez aisé. Disons qu'il doit se sustenter des nombreuses éclaboussures, croûtes, giclures qui maculent élégamment les parois de l'ustensile. Autre question d'importance (toutes proportions gardées, bien sûr; n'oubliez pas que ce blog est tout sauf sérieux), que devient au juste un cafard bombardé quotidiennement de radiations? Je l'imagine bien devenir tout vert et très en colère, une sorte de Hulk de l'espèce, et pourquoi pas, développer une force sur-cafardienne (ce qui n'est pas peu dire, puisqu'un insecte, c'est déjà vachement fort par rapport à un être humain!). Je lui invente d'éventuels super-pouvoirs, tout en m'interrogeant sur l'usage qu'il pourrait bien en faire.
En sortant ma tasse du four (oui je fais chauffer mon thé au micro-onde, et alors?), je visualisais même les pattes de l'animal percer de toutes parts la "carapace" métallique de la machine, donnant ainsi naissance à une créature mi-blatte mi-micro-onde. Je le vois bien descendre le long du meuble, dans ce petit bruit sordide que produit tout cafard qui se respecte en se déplaçant, puis se muer sur le carrelage, peut-être en percutant sur son passage quelques meubles (ça tombe sous le sens puisqu'un cafar-micro-onde ne doit pas y voir grand chose avec sa vitre teintée). J'ignore encore si je la trouverai aussi répugnante que la créature 100% blatte, mais une chose est certaine: jamais plus je ne lui confierai ma tasse!

Toutefois, l'option que Schrödinger n'a pas envisagé (et pour cause, elle ne s'applique probablement pas à son chat séquestré), c'est que notre cafard a peut-être quitté son micro-onde. On se dit qu'il y a passé plusieurs semaines, ou même plusieurs mois. On en déduit donc qu'il y est encore et certainement dans un état de décomposition avancé. Pourtant, s'il est parvenu à y entrer, il peut tout aussi naturellement réussir à en sortir...à un moment ou à un autre.
En considérant cette option happy end comme très plausible, rien ne nous empêche de supposer qu'il est désormais en pleine excursion dans le frigo.
Et bon appétit bien sûr!

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