Trois miettes de cynisme et j'y retourne

En route pour l’opération camouflage au musée des horreurs !
Entre les meubles et les gens, point de différences. Ils semblent se fondre dans le décor : des étagères instables, des livres, des marches, un visage anguleux, blafard et figé. De prétendus vieux-beaux rectangulaires dressés dans les rayonnages tels des blocs de marbre, des silhouettes plastiques qu’un chirurgien-cubiste a refait entièrement au burin, des chevelures ergonomiques, savamment et très géométriquement découpées en raies, en mèches, en boules, en carrés... Le tout engoncé dans un paquet de poils qui appartient à quelqu’un d’autre (mais pas d’inquiétude, le quelqu'un en question peut difficilement venir se plaindre!) ; ou encore dans une cohorte de grands noms "conformistes" (à prononcer avec la voix d'un gothique de huit ans) qui, à défaut de préserver leur identité, les confortent paisiblement dans leurs statuts d’hommes et femmes-sandwichs.

Pour certain(e)s, passé l’âge des premières rides, difficile de sourire, et ce n’est généralement pas pour cause de mauvaises découvertes dans le miroir. Aussi tire-t-on allègrement la gueule, arrivé(e)s au guichet... Je me dis que la raison en est toute autre pour les personnes âgées, qu’avec le temps (va tout s’en va), on souffre de partout et spécialement des zygomatiques et qu’il vaut mieux s’épargner ce petit effort.
On constate même que parfois, ces phénomènes s’étendent jusqu’à ne plus pouvoir articuler : « bonjour, merci, au revoir ». Étrangement, par contre, les muscles semblent se détendre miraculeusement lorsqu’il s’agit de hurler, d’insulter autrui ou simplement de lui remémorer son bon droit.

Au milieu de tant d'artifices, faire tapisserie et sourire, répondre quand on vous le demande, hocher la tête sobrement, oublier son sens de la répartie dans les vestiaires, sa logique et ses principes également, et faire semblant de croire que tous, usagers comme employés, sont égaux au regard de la sacro-sainte loi des services publics

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