Lonely Planet

ou "L'on lit Planet" (une gentille perle de libraire qui prête à sourire)

J’essaye d’imaginer, le nez dans mon bouquin, ce que ça pourrait être, ce que ça pourrait faire. J’imagine le soleil safrané sur les toits roses, les bruits, les parfums, la chaleur, pas moite, pas étouffante, juste ce qu’il faut : une chaleur douce et agréable qui réconforte. Je vois les fresques, les sculptures, les ponts, les fontaines. J’aimerais toucher du doigt les reliefs des peintures, caresser les cheveux de cette Vénus lovée dans une Saint-Jacques géante, embrasser goulûment David et prendre rendez-vous avec tous ces Maîtres aux noms de Tortues Ninja.
Pour une fois, peut-être, pour la première fois, je parviendrai à apprécier l’arôme du cappuccino et si ce n’est vraiment pas possible, je compenserais la déception par une glace gigantesque ou un verre de vin (voir, même, les deux).

Comme j’aimerais vivre dans ce livre ! Dans ses rues, ses boutiques, ses restaurants, ses musées ou encore ses champs, ses sentiers, ses bosquets, ses vignes. Ce doit être magnifique, ce doit être reposant. Ou au contraire, ça peut rendre dingue, la foule, les touristes, les cris, la vie. Oui, au moins, c’est vivant, ce n’est pas comme ici, où l’encéphalogramme ne semble plus remuer d’un millimètre. A force de perdre pied pour des broutilles, on finit fatalement par être mort en dedans.
Mais finalement, une semaine, ce n’est peut-être pas suffisant pour ressusciter. Bon, d’accord, certains le font en trois jours mais ce n’est pas une raison ! Si ceux-là marchaient sur l’eau, ce n’est pas pour autant que je le ferais, je ne suis pas un mouton !
Une semaine, ça semble court. J’ai tellement besoin d’ailleurs. De me convaincre que plus rien n’a d’importance, que j’ai toute la vie devant moi. Une semaine, c’est beaucoup dire. Cinq jours tout au plus et encore, deux demis entre deux aéroports et quelques lignes de métro. Mais, bon sang, j’ai toute la vie devant moi, et bien plus de cinq jours pour changer d’air alors ce sera suffisant, pour cette fois.

Ah ! Je trépigne, je bous, je tourne en rond. J’ai l’impression qu’un fossé centenaire me sépare de mes dernières vacances. J’en ai assez, j’aimerais plonger dans ces pages et ne plus en sortir. Un mois. ONE FUCKING MONTH ! (volonté d’atténuer la vulgarité du propos ou abus de séries américaines, allez savoir). C’est trop long, trop lent et, évidemment, ce sera trop court, trop rapide. C’est cela, la relativité, dirait le vieillard aux cheveux blancs ébouriffés. Je l’imagine bien me tirer la langue, moqueur. Il aurait raison : je suis ridicule.
Il y a des gens qui n’ont qu’une semaine de vacances par an. Est-ce qu’ils se plaignent ? Est-ce qu’ils fantasment sur des guides touristiques ? Bah non, ils font avec, eux ! Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils sont heureux, mais au moins, ils ne vont pas pleurer leur impatience sur leurs blogs ! Je dois me raisonner, cesser de compter les semaines, les jours, les heures. Pas d’aigreur, pas de colère, pas d’impatience. Juste une douce envie. L’attente aide à supporter un présent consternant.

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