"Sorcière, sorcière, vite cache-toi!..."

Vous aurez facilement remarqué que je ne suis pas du genre à répondre à une polémique. Dans la vraie vie, pourquoi pas, mais sur ce blog, pas vraiment. J'ai, en effet, plus tendance à faire de l'humour sur des sujets innocents qu'à me lancer toutes griffes dehors, dans des faits d'actualité graves. Mais puisque la tendance du moment a su susciter chez moi quelques réactions, j'ai pensé qu'on pourrait peut-être en discuter (ou du moins, si vous ne voulez pas répondre, bande de rabat-joies, que je pourrais monologuer seule afin de mettre un peu d'ordre dans mes idées). Je ne sais pas encore si je vais oser aborder le sujet qui m'intéresse ici. Déjà parce que, pour certains, il serait politique et, moi, pauvre naïve, j’ai toujours beaucoup de mal à avoir un discours élaboré sur ces choses-là ; ensuite parce qu'il est, pour d'autres, religieux et que, s'il y a une chose que la vie m'a apprise très tôt, c'est qu'on ne se fait que des ennemis en abordant les religions, quelles qu'elles soient, avec un regard critique.
Soyons claires: je n'ai peur ni du ridicule de mes opinions de citoyenne, ni de me faire enguirlander par des croyants mal lunés dont manifestement, je ne recherche pas l'amitié. Toutefois, j’aimerais me montrer assez pertinente dans mon analyse et ne surtout pas décevoir ceux qui me lisent régulièrement et que je respecte en leur donnant l'impression que je joue les reporter "pseudo-engagée" pour VSD.

Alors, prenant mon courage à deux mains, je me lance: fi des férus de politique, fi des grands théologiens et fi, toujours, de ceux qui pensent que je m'attaque à un paquet qui ne me sied guère. Le sujet en question est pour moi, avant tout social ou plutôt "féminin" ; et cela, on sait déjà que ça me tient à cœur. Non, je ne vais pas parler du port de la mini-jupe en banlieue, du droit à l'avortement ou des soldes d'été (j'en garde au moins deux pour plus tard: à vous de deviner lesquels). Ce qui m’a fait bondir aujourd’hui, c’est le fameux projet de loi interdisant le port de la burqa (La vache ! Heureusement que je ne bosse pas pour Charlie Hebdo !).
Une prison mobile. La Guantanamo du textile. Cela dit, on ne peut nier le côté pratique de pouvoir enfermer quelqu’un à l’extérieur. Depuis la laisse, on avait rien inventé de mieux ! De là à l’interdire totalement, il n’y a qu’un pas vers la contestation, la provocation puérile et la revendication massive de l’identité religieuse que beaucoup auront tôt fait de franchir. Ors, il ne s’agit pas des musulmans de France et d’ailleurs mais uniquement de la Femme. Nombreux sont ceux qui ne semblent pas le comprendre, réduisant le débat à une banale histoire de laïcité, de « chacun chez soi et les cochons seront bien gardés » (je vous promets que je ne l’ai pas fait exprès !), de discrimination, voir de phobie sociale. Le raccourci est trop facile.

Avant toutes ces choses qu’on se gausse d’entendre de part et d’autre, il y a le problème de la Femme, de son corps et de cette fascination millénaire que certains semblent avoir du mal à digérer.
Eh quoi ? Ils sont pervers à ce point, les hommes, pour que le moindre centimètre de peau qui dépasse leur provoque une érection instantanée ? Sont-ils si proches de l’animal en rut pour ne pas parvenir à contrôler leur libido ? Allez donc savoir comment se débrouillent ces dames pour ne pas tomber en pamoison constante devant ces « beaux » mâles, à demi nus en plein été ! Passons.
En admettant que les hommes soient vraiment TOUS des porcs, pensons-nous sincèrement qu’un habit intégral suffira à leur faire oublier leurs instincts? Et pourquoi ne pas tout simplement leur crever les yeux? Cela règlerait bien des problèmes, non?
Après tout, on aura beau le masquer, le corps demeurera l'unique objet de tensions. Ses formes pleines et attrayantes seront toujours là, cachées quelque part. La femme qui se dissimule à même une part de mystère que n’aura jamais… l’actrice porno.
Ce n’est pas pour autant que ces tentes Quechua sur pattes sont plus glamours que de vraies femmes, assumant leur corps tel qu’il fut fait pas Dieu (ou par des millions d'années de copulations entre grands singes). Pire encore, cela n’a plus rien de commun avec ces voiles et autres élégants foulards. Il ne s’agit plus de couvrir sobrement mais bien de faire disparaître totalement un être humain sous un accoutrement qui niera :
1- son identité, le faisant alors paraître similaire à tant d’autres fantômes.
2- sa volonté d’évoluer normalement dans son environnement (à part une soupe à l’aide d’une paille, vous me direz comment on peut se nourrir avec ça !)
3- l’insoutenable vérité de son être.
La burqa nous agite sous le nez un détail dont on avait jusqu’alors eu tant de mal à se débarrasser : la femme est un être méprisable. Et nous revoilà au Moyen-âge !

En bref, sans aller jusqu’à l’interdire, ce qui, selon moi, serait au moins aussi « utile » que d’interdire la cagoule lors des manifestations (comment ça, c’est déjà fait ??!), posons-nous au moins la question de ce qu’elle symbolise. Non pas la liberté de se vêtir comme on le souhaite, non pas, évidemment, un islam vertueux et rigoureux, mais juste une façon archaïque de couper une femme du monde et des êtres qui l’entourent.
Et pourquoi ne pas simplement la séquestrer, tant qu’on y est ?

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